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les fonctions de secrétaire correspondant pour la Suisse ; les vice-présidents, Dupleix et Becker ; les secrétaires, Coullery, Gard, Bourdon et Moll.

L’ordre du jour du Congrès comprenait onze questions, dont j’emprunte la liste à une brochure publiée à Bruxelles en 1866, peu de temps avant le Congrès, par la rédaction de la Rive gauche[1]. Cette brochure (dont il sera reparlé au chap. VII), contenant une traduction de l’Address de Karl Marx et des Provisional Rules, faite par Charles Longuet, est intitulée : Manifeste de l’Association internationale des travailleurs, suivi du Règlement provisoire (Prix : 10 centimes ; Bruxelles, Alliance typographique, M. J. Poot et Compagnie, rue aux Choux, 33 1o ; 1866 ; 20 pages in 32). Voici cette liste :

1o Combinaison des efforts, par le moyen de l’Association, pour la lutte du travail contre le capital ; — 2o Réduction des heures de travail ; — 3o Travail des femmes et des enfants ; — 4o Sociétés ouvrières (Trades Unions), leur passé, leur présent, leur avenir ; — 5o Travail coopératif ; — 6o Impôts directs et indirects ; — 7o Institution internationale du crédit ; — 8o De la nécessité d’anéantir l’influence russe en Europe par l’application du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes et la reconstitution d’une Pologne sur des bases démocratiques et sociales ; — 9o Des armées permanentes dans leurs rapports avec la production ; — 10o Des idées religieuses, leur influence sur le mouvement social, politique et intellectuel ; — 11o Établissement des sociétés de secours mutuels. Appui moral et matériel accordé aux orphelins de l’Association.[2]

Des diverses résolutions votées sur les onze questions, une seule, dont le Compte rendu donne le texte (p. 15), vaut d’être relevée ici ; il s’agit de l’attitude à prendre par l’Internationale dans les différentes luttes entre le capital et le travail (première question). Voici cette résolution :

« Le Congrès déclare que, dans l’état actuel de l’industrie, qui est la guerre, on doit se prêter une aide mutuelle pour la défense des salaires. Mais il est de son devoir de déclarer en même temps qu’il y a un but plus élevé à atteindre : la suppression du salariat. Il recommande l’étude des moyens économiques basés sur la justice et la réciprocité. »

L’acte important du Congrès de Genève, ce fut l’adoption des Statuts définitifs de l’Internationale.

Les Statuts provisoires, Provisional Rules, rédigés en anglais en 1864, avaient été aussitôt traduits en français à Paris « par un ami sûr[3] » ; et le 8 janvier 1865, « les deux premiers exemplaires des statuts imprimés [en français] avaient été envoyés sous pli, l’un à M. le préfet de police, l’autre à M. le ministre de l’intérieur[4] ».

Le Congrès de Genève nomma, le mardi 4 septembre 1866, dans la séance du matin, « une Commission composée de treize membres, chargée d’élaborer les nouveaux statuts de l’Association internationale, projet qui ensuite sera soumis à la discussion publique[5] ». Naturellement la commission devait prendre pour base de son travail les Statuts provisoires de 1864.[6]

Dès le lendemain matin mercredi, cette commission présenta au Congrès le résultat de son travail :

  1. Il en existe un exemplaire au Musée social, à Paris, sous le no 4682 du catalogue.
  2. Addenda du tome IV : Il existe plusieurs versions différentes du programme des questions formant l’ordre du jour du Congrès. Dans la séance du 5 septembre au matin, le délégué Grenier fit remarquer « que tous les programmes ne sont pas semblables ; l’ordre du jour est interverti ; quelques articles même du programme français n’existent pas sur le programme anglais et genevois. » (Compte-rendu du Courrier international). On trouvera à l’Appendice du tome IV, pages 328-334, la liste des questions telle qu’elle figure dans un rapport du Conseil général.
  3. Je n’ai pu savoir qui fut ce traducteur.
  4. Fribourg, L’Association internationale des travailleurs, p. 12. — Ces statuts français forment une feuille imprimée de 3 pages, in-8o, intitulée : Congrès ouvrier. Association internationale des travailleurs. Règlement provisoire, Paris, imprimerie Édouard Blot. Je n’ai pas vu cette rareté bibliographique qui existe dans la collection de Max Nettlau.
  5. Congrès ouvrier de l’Association internationale des travailleurs, tenu à Genève du 3 au 8 septembre 1866, p. 11.
  6. Addendum du Tome IV : Le texte dit : « Une commission composée de treize membres ». Sur la composition de cette commission, qui était en réalité de quatorze membres, voir l’Appendice du tome IV, p. 333.