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Eccarius, Wolff, Bobrzinski, etc. La Conférence décida que le premier Congrès aurait lieu à Genève au printemps de 1866, et en arrêta l’ordre du jour. Mais l’année suivante, sur l’avis des Genevois, qui proposaient un ajournement, le Conseil général recula la date à laquelle les délégués devaient se réunir, et fixa définitivement l’ouverture du Congrès au 3 septembre 1866.


II


Le premier Congrès général de l’Internationale, à Genève
(3-8 septembre 1866).


Voici ce que dit, du Congrès de Genève, le Mémoire de la Fédération jurassienne :

En septembre 1866 eut lieu à Genève le premier Congrès général de l’Internationale. Presque toutes les Sections de la Suisse romande y furent représentées. Le compte-rendu que nous avons sous les yeux[1] ne donne pas la liste des délégués ; nous citerons de mémoire, entre autres, Coullery pour la Chaux-de-Fonds, Guillaume pour le Locle, Schwitzguébel pour Sonvillier, J.-Ph. Becker et Dupleix[2] pour Genève.

Ce Congrès, dans lequel furent adoptés les Statuts généraux de l’Association, n’exerça sur les Sections de la Suisse romande qu’une médiocre influence. Les discussions furent presque entièrement dirigées par les mutuellistes parisiens, Tolain, André Murat, Fribourg, et, en dehors de l’adoption des statuts, le Congrès ne prit aucune décision de réelle importance. D’ailleurs, nous l’avons dit, à ce moment-là, dans cette période embryonnaire où l’Internationale se cherchait elle-même, aucune des Sections de notre région n’avait encore conscience de la portée réelle de l’acte qu’elles avaient accompli en créant l’Association internationale des travailleurs ; on ne concevait d’autre solution aux problèmes économiques que la coopération et les réformes législatives, et le programme de la Voix de l’Avenir exprimait assez fidèlement les tendances générales des ouvriers suisses.


J’allai au Congrès de Genève à mes frais, muni d’un mandat de délégué signé par Constant Meuron comme président de la Section du Locle, tout nouvellement fondée et qui ne comptait encore que cinq membres[3]. Je n’avais pu obtenir du directeur de l’École industrielle qu’un congé de deux jours ; j’arrivai à Genève le lundi 3 septembre, avant midi ; je reçus un billet de logement qui m’assura l’amicale hospitalité de M. Jules-César Ducommun, imprimeur[4] (frère d’Élie Ducommun), chez qui je couchai une nuit ; et je dus repartir déjà le mardi après-midi. Après mon retour,

  1. C’était la brochure Congrès ouvrier de l’Association internationale des travailleurs, tenu à Genève du 3 au 8 septembre 1866, imprimée à Genève. Voir plus loin.
  2. Vieux républicain français, relieur de profession.
  3. Ces cinq membres étaient : Constant Meuron, deux professeurs de l’École industrielle, mon collègue Placide Bise et moi, un jeune ouvrier régleur de montres, Paul Debrot, et un jeune employé, Fritz Huguenin. Nous appartenions tous, naturellement, au parti radical. Bise, P. Debrot et F. Huguenin nous quittèrent quand la Section eut pris, à la fin de 1868, un caractère franchement socialiste et collectiviste.
  4. C’est à l’imprimerie J.-C. Ducommun et G. Œttinger que fut imprimé le Compte-rendu du Congrès.