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Meeting

à Fontaines (Val de Ruz), à la Maison de Commune,
dimanche 27 juin, à deux heures et demie de l’après-midi.

Ordre du jour : Quel est le but de l’Internationale et quels sont les moyens de le réaliser ?


Le numéro suivant du Progrès (n° 14, 10 juillet) contenait une nouvelle réponse à la Montagne :


À la Montagne.

Messieurs les rédacteurs de la Montagne devraient bien se mettre d’accord entre eux.

L’un d’eux nous reproche, le 22 juin, d’être des communistes autoritaires. Un autre, le 24 juin, fait un crime au Progrès de combattre l’institution de l’État, et de rêver une société libre dans laquelle il n’y aurait plus d’autorité.

Ah ça, hommes de la Montagne, tâchez d’être sérieux. Si nous sommes autoritaires, nous devons être partisans de l’État, qui signifie autorité, gouvernement. Si au contraire nous ne voulons plus d’État, plus d’autorité, plus de gouvernement, comment pouvez-vous nous appeler des communistes autoritaires ?

« Liberté, liberté ! dites-vous : voilà le mot d’ordre de la Montagne. » Soit. Nous savons bien que pour vous, comme pour toute la bourgeoisie, liberté veut dire exploitation sans frein.

Notre mot d’ordre, à nous, c’est Liberté, Égalité, Fraternité. Nous ne séparons pas ces trois termes l’un de l’autre.

Nous voulons la liberté, et c’est pour cela que nous voulons la destruction de l’État, l’absence de gouvernement, l’an-archie, comme dit Proudhon.

Nous voulons l’égalité, et c’est pour cela que nous demandons l’abolition des privilèges de la propriété.

Nous voulons la fraternité, et c’est pour cela que nous combattons les préjugés patriotiques et religieux qui divisait les hommes et qui sont la source de la guerre.

La Montagne exploite des articles de Bakounine qu’elle n’a pas compris. Elle ne veut pas voir que Bakounine, en traitant du patriotisme, a annoncé qu’il l’examinerait au point de vue physique ou animal, et ensuite aux différents points de vue religieux, politique et économique. Et Bakounine ayant commencé par rechercher si, dans les divers éléments qui composent le patriotisme, il n’y a pas un élément animal, la Montagne jette les hauts cris. Mauvaise foi ou stupidité, — choisissez.

La Montagne avoue, le 6 juillet, que nous ne sommes pas communistes ; mais, ajoute-t-elle, nous le deviendrons : le communisme est notre but final. C’est être bien obstiné à vouloir nous coiffer d’une épithète que nous repoussons…

La Montagne, en nous lisant, ne sait, dit-elle, si elle doit rire ou pleurer. Ce qu’elle aurait de mieux à faire, ce serait de se taire.