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plus de 500 abonnés. Nous ne dormirons pas. Dans quelques jours, Mlle H[erzen] viendra chez vous : elle part pour l'Allemagne et de là pour Paris, et veut vous consacrer un ou deux jours. Nous vous préviendrons à temps, par le télégraphe, de son arrivée : ce sera probablement mardi ou mercredi. Elle vous apportera beaucoup de choses intéressantes[1]. Quant à la continuation de l'article, il faut que tu m'en dispenses pour cette semaine et pour la semaine prochaine : je suis assommé. Embrasse papa Meuron et tous les frères.


Perron avait ajouté un post-scriptum, annonçant qu'il venait de faire trois abonnés au Progrès : Nicolas Joukovsky, à Clarens-Basset (Vaud), Nicolas Outine, également à Clarens-Basset, et Mroczkowski, à Vevey, campagne Chaponneyre, et disant : « Dans deux ou trois jours j'aurai le plaisir de vous serrer la main ».

Nous nous gardâmes bien de changer le titre de notre journal, qui continua de s'appeler le Progrès. Nous ne voulûmes point en faire l' « organe de la démocratie socialiste internationale » : mais, comme le sous-titre Organe des démocrates loclois ne répondait plus à la réalité, nous décidâmes de le remplacer par celui d’Organe socialiste. J'envoyai des exemplaires du numéro 6 aux vingt-trois adresses que m'avait indiquées Bakounine, et, naturellement, l'idée ne vint jamais à aucun des destinataires de payer son abonnement. — Cowell Stepney excepté.

Je commençai en même temps à préparer un nouveau numéro : c'est le mardi 16 mars que j'écrivis mon article, intitulé Guerre aux choses, paix aux hommes ; mais il fallut attendre jusqu'au 28 la correspondance que devait envoyer Bakounine, en sorte que ce fut seulement au commencement d'avril que le numéro 7 put paraître.

VI


Nouvelle décision du Conseil général de Londres relativement à l'Alliance (9 mars) ; en conséquence, dissolution volontaire de l'organisation internationale de celle-ci. Grèves à Genève (mars). Progrès de l'Internationale à Paris. A la Chaux-de-Fonds et au Locle, succès de notre propagande ; attaques de la Montagne contre le Progrès.


Cependant le Conseil général de Londres avait fini par prendre une décision, à la date du 9 mars, au sujet de la lettre que lui avait écrite Perron au nom du Bureau central de l'Alliance. Le Conseil, cette fois, répondait affirmativement à la question qui lui était posée. Il disait (lettre du 20 mars 1869) :


D'après l'article 1er de nos statuts, l'Association admet toutes les sociétés ouvrières aspirant au même but, savoir : le concours mutuel, le progrès et l'émancipation complète de la classe ouvrière.

Les sections de la classe ouvrière dans les divers pays se trouvant placées dans des conditions diverses de développement, il s'en suit nécessairement que leurs opinions théoriques, qui reflètent le mouvement réel, sont aussi divergentes.

Cependant, la communauté d'action établie par l'Association internationale des travailleurs, l'échange des idées facilité par la publicité faite par les organes des différentes sections nationales, enfin des discussions directes aux Congrès généraux, ne manqueront

  1. Je ne crois pas que ce projet se soit réalisé et que Mlle Herzen soit venue au Locle à cette époque : je ne me souviens pas de l'y avoir vue.