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sition que tu me fais à propos de ce dernier, m'ont comblé de joie. Et je ne t'ai pas répondu tout de suite, parce que j'étais accablé de travail[1] qui ne pouvait se remettre, et qui ne me laissait pas seulement respirer. J'accepte, nous acceptons tous avec joie votre proposition. Oui, que le Progrès devienne le journal de l'Alliance[2]. À ces mots « organe des démocrates loclois », substituez seulement ceux-ci : « organe de la démocratie socialiste ». Après cela, vous pourrez lui conserver son titre, le Progrès, ou bien lui en donner un nouveau, tel que la Révolution internationale, ce qui serait peut-être trop franc et encore intempestif, ou bien l’Avant-coureur, — enfin comme vous l'inspirera le Saint-Esprit. Ce dont vous pouvez être sûrs, c'est que nous allons vous appuyer fortement et aussi largement que possible.


Il donnait ensuite des adresses de personnes auxquelles pouvait être envoyé le journal : huit en Espagne[3], dix en Italie[4], trois en France[5], une en Angleterre[6], une dans la Suisse allemande[7] ; et il ajoutait :


À tous les Espagnols et Italiens, tu dois écrire à chacun une petite lettre bien tournée dans laquelle tu leur diras que notre ami Giuseppe Fanelli t'ayant dit de leur envoyer ton journal, qui doit devenir celui de l'Alliance internationale de la démocratie socialiste, sous le titre, — décidons-le enfin, — sous le titre : L’Avant-coureur, organe de la démocratie socialiste internationale ; prix d'abonnement, pour six mois, 3 fr. 50 ; pour un an, 6 fr., les frais de poste non compris et se payant à part, — tu leur en envoies un spécimen, et que tu espères qu'au nom de la cause commune ils voudront bien nous aider à faire ce journal, en nous procurant le plus d'abonnés possible… Il y a encore une adresse à Paris que je t'enverrai ces jours-ci : c'est celle de M. Moritz Hess, Allemand, aussi savant et plus pratique que Marx, et en quelque sorte le créateur de ce dernier ; ses correspondances seront précieuses… Enfin, ami, tu dois compter sur nous ; quant à moi, je suis convaincu que nous finirons par avoir

  1. Pour la propagande russe.
  2. Je n'avais nullement parlé de faire du Progrès l'organe de l'Alliance. C'est Bakounine qui, de ma demande de nouveaux abonnés et de nouveaux collaborateurs, tire cette conclusion imprévue pour moi. J'ai appris en 1904, par les procès-verbaux de la Section de l'Alliance de Genève, que, le lendemain du jour où il m'écrivit cette lettre, Bakounine fit part de son idée au comité de cette Section ; on lit dans le procès-verbal de la réunion du 12 mars de ce comité : « Sur la proposition du citoyen Bakounine, le comité a décidé de faire son possible pour que le Progrès du Locle devienne l'organe de l'Alliance, vu les bonnes dispositions du rédacteur du dit journal ».
  3. Julio Rubau Donadeu, lithographe, Angel Cenegorta, tailleur, Tomás Gonzàlez Morago, graveur, et Francisco Cordova y Lopez, journaliste, à Madrid ; José L. Pellicer, peintre, Rafael Farga-Pellicer, typographe, à Barcelone ; Rafaël Escardós y Garcia, à Tortosa ; Alfonso Salvador, à Valence.
  4. Giuseppe Fanelli, Saverio Friscia, Alfonso Orilla, députés, à Florence ; Berti Calura, graveur, à Florence ; Giuseppe Mazzoni, à Prato ; Carlo Gambuzzi, avocat, Luigi Chiappero, et Raffaéllo Mileti, directeur du Popolo d'Italia, à Naples ; la rédaction du Tribuno del Popolo, à Bologne ; Pompeo Gherardo Molmenti, à Venise.
  5. Albert Richard, à Lyon ; B. Malon et Bedouche, à Paris.
  6. Pour l'Angleterre, l'adresse était celle de Cowell Stepney, ce millionnaire original, communiste et sourd, qui faisait partie du Conseil général de l'Internationale. Bakounine avait fait sa connaissance au Congrès de la paix, à Berne. Cowell Stepney m'envoya un chèque d'une livre sterling, en échange de deux abonnements d'un an, l'un pour lui, l'autre pour John Stuart Mill, qui habitait alors Avignon et à qui le Progrès fut régulièrement servi.
  7. Rudolf Starke, président de la Section internationale de Bâle et membre de l'Alliance.