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n’aurait pas pour but immédiat et direct le triomphe de la cause des travailleurs contre le capital.

5. Elle reconnaît que tous les États politiques et autoritaires actuellement existants, se réduisant de plus en plus aux simples fonctions administratives des services publics dans leurs pays respectifs, devront disparaître dans l’union universelle des libres associations, tant agricoles qu’industrielles.

6. La question sociale ne pouvant trouver sa solution définitive et réelle que sur la base de la solidarité internationale des travailleurs de tous les pays, l’Alliance repousse toute politique fondée sur le soi-disant patriotisme et sur la rivalité des nations.

7. Elle veut l’association universelle de toutes les associations locales par la liberté.


En quittant le Locle, Bakounine donna sa photographie à Constant Meuron. Cette photographie, qui est maintenant en ma possession, avait été faite l’année précédente par un de ses amis, photographe amateur ; on lit au dos l’adresse imprimée du photographe : « W. Mroczkowski, phot., à Vevey ». C’est la meilleure, à mon goût, des photographies de Bakounine. L’exemplaire donné à Constant Meuron porte la dédicace suivante :

au vénérable frère MEURON, patriarche du Locle
son frère et ami M. Bakounine.
1869, Février.
V


Le no 6 du Progrès  ; article sur la fête du 1er mars. Préparation de la transformation du Progrès.


Nous avions demandé à Bakounine sa collaboration pour le Progrès : il nous la promit. Nous aurions voulu qu’il nous donnât le manuscrit de sa conférence sur la « Philosophie du peuple » ; il préféra nous envoyer une série de lettres écrites spécialement pour nous. Parti du Locle le lundi soir, il s’arrêta à Neuchâtel pour y coucher, et il y passa une partie de la journée du lendemain : ce fut là qu’il écrivit son premier article, qui est daté de Neuchâtel[1], le 23 février 1869, et qui est adressé « Aux compagnons de l’Association internationale des travailleurs au Locle et à la Chaux-de-Fonds ».

Nous étions à la veille de la fête patriotique du 1er mars, par laquelle on célèbre l’anniversaire de la révolution de 1848, qui a fait de la principauté de Neuchâtel une république. Nous désirions marquer, par un acte, que nous n’entendions pas être à la remorque du parti radical, et que nous voulions agir en parti indépendant, le parti de l’émancipation du travail. Sur ma proposition, il fut décidé que nous nous abstiendrions de participer à la fête, et que le Progrès publierait, à la date du 1er mars, un numéro dont le premier article indiquerait le motif de notre abstention.

Cette décision n’était pas encore prise le mercredi soir 24 février, car une lettre écrite par moi ce jour-là dit que ma présence à lafête du 1er mars sera peut-être nécessaire. Ce fut, par conséquent, dans l’intervalle du

  1. C’est moi qui, en faisant imprimer l’article, substituai le mot de « Genève » à celui de « Neuchâtel » qui est dans le manuscrit. Les manuscrits de cinq des dix lettres de Bakounine écrites pour le Progrès et insérées dans ce journal ont été conservés et sont en ma possession. Ces lettres ont été réimprimées dans le volume intitulé Michel Bakounine : Œuvres, publié chez Stock, à Paris, par Nettlau en 1895.