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Pourquoi ne révélerions-nous pas à la Suisse entière, à l'Europe même, des difficultés de cette nature ? Nous prêchons la réforme sociale, il faut bien que tout le monde sache comment nous savons conduire nos propres affaires, comment nous entendons le droit et la justice.


Il ajoutait, à propos du Congrès de Bruxelles :


Ce que j'ai dit sur deux décisions du Congrès de Bruxelles, je l'ai toujours soutenu dans le journal. Je ne suis pas pour la propriété collective des biens fonciers. C'est bien vieux. Lisez tout ce que j'ai écrit en ma vie, et vous verrez que j'ai toujours fait des articles maladroits, et tout à fait en faveur de la politique étroite de la bourgeoisie.


Ceci était exact. Ce n'était pas Coullery qui avait changé, c'était l'Internationale qui évoluait.

En terminant, Coullery affirmait « qu'il implorait sa démission de rédacteur depuis plus d'une année ». On allait le prendre au mot, ainsi qu'on le verra bientôt, et le dépit qu'il éprouva de se voir mis de côté comme journaliste ne contribua pas peu à l'aigrir contre les « collectivistes ».

De leur côté, les internationaux belges ne laissèrent pas sans réponse les singulières assertions qu'avait émises Coullery au sujet du Congrès de Bruxelles et du rôle qu'ils auraient joué dans ce Congrès. La Section bruxelloise de l'Internationale, en sa qualité de « Section centrale pour la Belgique », protesta par une lettre fort dure, en date du 6 octobre, qu'avait rédigée De Paepe et que signèrent les membres du bureau de la Section. Cette lettre parut dans la Voix de l'Avenir du 18 octobre. On y lisait :


Nous n'avons pas à discuter, monsieur le rédacteur, vos deux opinions sur ces deux questions, celle de la propriété foncière et celle de la Ligue de la paix. Libre à vous de penser que la propriété individuelle du sol est le palladium de la liberté, comme à d'autres de voir dans l'appropriation du sol par la collectivité une nécessité sociale. Libre aussi à vous de croire que la Ligue de la paix et de la liberté est une œuvre utile et même nécessaire, comme à d'autres de la croire superflue si elle marche franchement dans les mêmes voies socialistes que l'Internationale, et dangereuse si au contraire la Ligue est bourgeoise et veut faire bande à part de la grande fédération universelle du prolétariat. Mais si vous êtes parfaitement libre de professer tel principe plutôt que tel autre, vous n'avez pas, plus que n'importe qui, le droit de dénaturer les faits. Or, c'est ce que vous avez fait dans votre article. Nous ne voulons pas supposer que c'est par malveillance, nous aimons mieux croire que c'est par ignorance de ce qui s'est passé au Congrès ; mais vous conviendrez que, dans ce cas, vous auriez mieux fait de vous taire que d'inventer des choses qui n'existent pas.

Dans votre article vous dites : « C'est l'opinion ou les théories des Belges qui ont prévalu. Et les Belges étaient les plus nombreux. C'est l'école de Colins qui a remporté cette victoire. » Et ailleurs : « La théorie de Colins, la théorie que les Belges ont fait voter malgré les protestations des délégués des autres pays, etc. »

Eh bien, monsieur, autant de propositions, autant d'erreurs.

Ce n'est pas la théorie des Belges qui a prévalu, c'est aussi la