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de l’Association internationale des travailleurs à toutes les Fédérations de l’Internationale ; un volume in-8o de plus de 400 pages [286+142]. Prix : 3 fr. 50 ; pour les internationaux 2 fr. 50. — Cet important travail est une histoire complète du développement de l’Internationale dans la Suisse romande, depuis sa création jusqu’à l’époque actuelle. Il est indispensable à tous ceux qui veulent se faire une idée exacte des tendances représentées par les différents groupes socialistes de la Suisse, et de la lutte qui en est résultée... On peut se procurer ce volume en s’adressant au citoyen James Guillaume, Place d’Armes, 5, à Neuchâtel, qui en a reçu le dépôt central.


L’Avant-propos du Mémoire, après avoir rappelé que ce travail avait été entrepris en exécution d’une décision du Congrès de Sonvillier (12 novembre 1871), que les 80premières pages, ainsi qu’une partie des Pièces justificatives, avaient été imprimées avant le Congrès de la Haye, et que le plan de la publication avait ensuite été élargi à mesure que les événements se déroulaient, se terminait ainsi :


Nos lecteurs impartiaux nous rendront ce témoignage, que ce livre est l’histoire véridique, et aussi complète que notre cadre l’a permis, du développement de l’Internationale en Suisse. Si des détails personnels et quelques passages polémiques se trouvent mêlés au récit, c’est que ces détails et cette polémique étaient une nécessité de la situation. Notre vœu, en livrant aujourd’hui à la publicité ces pages, c’est de voir la période dont elles renferment le tableau fidèle entrer définitivement dans le domaine de l’histoire ancienne, afin que l’Internationale, instruite par les expériences de son passé, prenne, en se préservant des fautes qu’elle a pu commettre au début, un nouvel essor vers son glorieux avenir.

15 avril 1873.          La Commission de rédaction.


Le Congrès d’Olten, dont il a été parlé p. 70, et qui était convoqué pour le 1er juin, avait pour ordre du jour la création d’une organisation centrale de la classe ouvrière en Suisse, sous la direction d’un Comité central. Bien qu’une pareille conception de l’organisation ouvrière lut précisément l’opposé de la nôtre, la Fédération jurassienne, à la suite d’un vote dans ses sections, résolut de se faire représenter collectivement à ce Congrès par deux délégués, qui furent Pindy et moi. Notre mandat était d’insister essentiellement sur la formation d’une fédération régionale suisse pour chaque corps de métier, comme préparation à la fédération internationale de la corporation ; quant à la question politique, l’Internationale ayant, selon nous, pour programme l’autonomie des communes libres, fédérées entre elles, nous devions repousser toute centralisation des pouvoirs, c’est-à-dire tout gouvernement, et déclarer qu’il était du plus grand intérêt pour les ouvriers d’éviter de compromettre leur avenir en participant avec les bourgeois à perpétuer l’ordre de choses actuel qui divise la société en exploiteurs et en exploités[1]. Diverses sociétés ouvrières de quatre localités jurassiennes, Saint-Imier, Sonvillier, Neuchâtel et Bienne, avaient en outre désigné trois délégués pour se rendre avec nous à Olten.

Nous savions bien que nous n’avions aucune chance de faire accepter nos idées par les délégués de la Suisse allemande ; mais nous tenions à profiter de l’occasion qui s’offrait de les exposer publiquement dans un milieu où elles étaient encore inconnues du plus grand nombre, et volontairement travesties et dénaturées par quelques meneurs de mauvaise foi.

  1. C’était notre point de vue. Les Suisses allemands (sauf de rares exceptions individuelles), les Allemands, les Anglais, les Américains, pensaient autrement.