Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mité fédéral, exprima par lettre son regret de ne pouvoir, pour cette fois, se faire représenter au Congrès ; et la Section centrale italienne de Genève envoya un délégué en la personne d’un ouvrier en bâtiment, Rossetti. Il fut donné lecture de lettres de France, d’Italie, de Belgique et d’Espagne.

Nous avions, tout d’abord, à nous occuper de la question du Congrès général de l’Internationale. Où et quand se réunirait il, et qui serait chargé de le convoquer ? La résolution suivante, proposée par le Comité fédéral, fut votée à l’unanimité :


Considérant qu’à teneur des statuts généraux, le Congrès général de l’Internationale se réunit chaque année de plein droit sans qu’il soit besoin d’une convocation émanant d’un Conseil général,

La Fédération jurassienne propose à toutes les Fédérations de l’Internationale de réunir le Congrès général le lundi 1erseptembre 1873 dans une ville de Suisse.

Considérant en outre qu’il importe au salut de l’Internationale d’empêcher que le Congrès général de 1873 ne suive les funestes errements du Congrès de la Haye,

Elle propose aux Fédérations qui ne reconnaissent pas les pouvoirs autoritaires du Conseil général de New York, d’envoyer leurs délégués dans la ville où se tiendra le Congrès général, dès le jeudi 28 août, pour y tenir un Congrès anti-autoritaire, destiné à préparer une entente entre ces Fédérations pour le triomphe du principe fédératif dans le Congrès général[1].


La discussion qui précéda le vote de la résolution, et à laquelle prirent part James Guillaume[2], Pindy, Heng, Spichiger, Lefrançais, Rougeot, Floquet, Schwitzguébel, Cyrille, et Froidevaux[3], établit nettement qu’aux yeux des internationaux jurassiens le seul Congrès général de l’Internationale serait celui que convoqueraient directement les Fédérations elles-mêmes, et non celui que pourrait tenter de convoquer le prétendu Conseil général de New York.

La résolution complémentaire ci-après fut ensuite votée :


Le Comité fédéral jurassien est chargé des démarches nécessaires pour le choix de la ville où devra se réunir le Congrès général, et, après en avoir référé aux Sections jurassiennes, de faire des propositions à ce sujet à toutes les Fédérations.

  1. Comme on le verra, cette idée d’un Congrès anti-autoritaire préparatoire au Congrès général, que nous n’avions acceptée que pour faire plaisir aux Italiens, fut abandonnée presque aussitôt.
  2. Voici comment le Bulletin résume ce qui fut dit par moi des dispositions des autres Fédérations relativement au Congrès général et au Congrès anti-autoritaire : « L’Espagne propose que le Congrès anti-autoritaire ait lieu à la suite du Congrès général. L’Italie, au contraire, désire que le Congrès anti-autoritaire ait lieu quelques jours avant le Congrès général. Nous ignorons encore l’opinion de la Belgique ; nous savons seulement qu’elle ne reconnaît pas le soi-disant Conseil général de New York, et que par conséquent elle coopérera avec nous pour la convocation du Congrès général par la propre initiative des Fédérations. Ce que nous disons de la Belgique s’applique aussi à l’Angleterre, qui est dans le même cas. Le Conseil fédéral de l’Amérique du Nord (Spring Street), croyant que le Congrès anti-autoritaire devait avoir lieu le 15 mars 1873, a adopté dans sa séance du 2 mars dernier des résolutions sympathiques à ce Congrès ; il est donc probable que si le Congrès anti-autoritaire a lieu à la fin d’août, l’Amérique s’y fera représenter. Des autres Fédérations, nous ne savons encore rien. »
  3. Lefrançais, Rougeot, Floquet, Schwitzguébel, Cyrille, n’étaient pas délégués. Il avait été entendu que tous les membres de l’Internationale présents au Congrès — et ils étaient venus en grand nombre — pourraient prendre la parole, mais que les délégués seuls auraient le droit de voter.