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L’ordre chronologique m’oblige à intercaler ici une mention relative à l’Amérique du Nord. Les Sections groupées autour du Conseil fédéral de Spring Street s’étaient préoccupés du projet, annoncé par une résolution du Congrès anti-autoritaire de Saint-Imier, de la convocation d’un nouveau Congrès anti-autoritaire, qui se serait réuni « pas plus tard que dans six mois ». Une lettre de B. Hubert, secrétaire correspondant du Conseil de Spring Street, à Adhémar Schwitzguébel, en date du 2 février 1873, annonça que la Fédération nord-américaine avait approuvé les résolutions du Congrès de Saint-Imier (avec une réserve sur deux points) ; elle ajoutait : « Si le nouveau Congrès anti-autoritaire, proposé à Saint-Imier, a lieu au mois de mars, il nous sera impossible d’y envoyer un délégué ; mais nous tâcherons néanmoins de nous y faire représenter par des citoyens résidant en Europe ». (Bulletin du 1er avril 1873.) Le 2 mars suivant, le Conseil fédéral de Spring Street, s’étant figuré que le Congrès anti-autoritaire se réunirait réellement au milieu de mars, vota des résolutions de sympathie pour ce Congrès, et les transmit à Schwitzguébel, en exprimant le regret de ne pouvoir envoyer de délégation.


La Fédération italienne devait tenir le 15 mars à Mirandola (Émilie) un Congrès qui avait été convoqué par une circulaire de la Commission italienne de correspondance en date du 1er janvier 1873. Le gouvernement italien résolut d’empêcher le Congrès de se réunir : le 12 mars, il fit occuper militairement la ville de Mirandola, et arrêter quelques-uns des délégués au moment de leur arrivée. Les autres délégués, prévenus, se rendirent à Bologne et, dans un local ignoré de la police, ils ouvrirent le Congrès au jour fixé.

On nous écrivit de Bologne à ce sujet :


Le 15 mars nous avons ouvert à Bologne notre Congrès : environ cent cinquante Sections étaient représentées par cinquante-trois délégués... Le Congrès était gardé à vue par la brave fédération de Bologne, en dépit d’une armée de mouchards et d’agents de police. Mais le lendemain on a arrêté et enchaîné d’une manière infâme les compagnons Cafiero, Malatesta, Costa, Chiarini et Faggioli. Néanmoins le Congrès a continué à se réunir et a poursuivi ses travaux jusqu’au 18, et la police n’a su envahir la maison où il tenait ses séances que dix minutes après la clôture et le départ des délégués... Nous avons dans la prison de Modène nos compagnons Benevelli, Cerretti, Cappelli et Gabrielli, délégués des Sections d’Ancône, Modène et Mirandola, et dans les prisons de Bologne nos compagnons Cafiero, Malatesta, Costa, Chiarini, Faggioli, Negri, Nabruzzi (Giuseppe). Des mandats d’arrestation ont été lancés contre tous les autres délégués[1].


Parmi les résolutions votées par le Congrès, il s’en trouvait naturellement une déclarant que « la Fédération italienne refusait de reconnaître les délibérations du Congrès de la Haye et déniait au Conseil général de New York toute qualité ou ingérence dans l’Internationale » ; par une autre résolution, le Congrès déclarait « qu’il acceptait le pacte de solidarité proclamé à Saint-Imier, le considérant comme absolument nécessaire pour défendre le véritable esprit et la véritable unité de l’Internationale contre les menées autoritaires et dissolvantes des centralistes ».

Au sujet du Congrès international anti-autoritaire, prévu par une résolution du Congrès international de Saint-Imier, le Congrès italien exprima le vœu que ce Congrès anti-autoritaire eût lieu quelques jours avant le Congrès général de 1873.

Dans une séance administrative, le Congrès s’occupa de la question Terzaghi. Carlo Terzaghi[2], qui rédigeait alors à Turin un journal appelé la Discussione,

  1. Bulletin du 1er avril 1873.
  2. Sur Terzaghi, voir t. II, pages 227 et 253.