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nève. 14. Écrit lettre à Ross ; pas envoyée, à cause excellente dépêche de Sokolof, de Zürich, à Zaytsef[1]. — 18. Point de lettres de Zürich, étrange ! — 19. Bonne lettre de Ross, rupture avec Lavrof. — 21. Après dîner chez Bellerio, qui m’a apporté lettre de Ross et de Sokoloff. Soir, lettres à Ross et à Sokoloff. — 25. Lettre très peu satisfaisante de Holstein et compagnie.


La lettre que Bakounine avait écrite le 10 décembre « aux amis de Zürich » existe (Nettlau, p. 762) ; en voici un passage relatif à l’intrigue d’Ozerof :


Toute ma nature se révolte contre l’idée que vous, mes frères et alliés, avec lesquels je me suis si loyalement uni, auriez pu organiser avec Ozerof une conspiration en dehors de moi et contre moi... Mais en me rappelant le proverbe : « Il n’y a pas de fumée sans feu », je dois admettre qu’il existe entre vous et lui quelque chose d’innocent quant à l’intention, et néanmoins resté caché pour moi, à mon égard. Cela, mes amis, est injuste, et serait certainement plus mauvais pour la cause que ma polémique avec Marx.


Une lettre de Sokolof à Ogaref, du 2 janvier 1873 (publiée par Dragomanof), indique les motifs de la rupture de Bakounine et de ses amis avec Pierre Lavrof :


Notre affaire, par rapport à l’imprimerie[2], marche comme sur des roulettes. On n’aura pas à l’attendre longtemps. Vouloir, c’est pouvoir...

Tu me demandes ce qui se passe à Zürich ? À cette question, je vais te répondre comme suit : Depuis mon arrivée ici, il s’est produit une scission dans la jeunesse russe. Je n’y suis pour rien, bien entendu ; l’honneur en revient à monsieur Lavrof, un certain philosophe qui vient de Paris dans l’intention de fonder ici une revue. Ce Lavrof a élaboré son programme et l’a fait imprimer. Mais l’esprit en était faux et tellement détestable que Bakounine, Zaytsef, moi, de même que les meilleurs représentants de la jeunesse russe ici, nous en eûmes tous la nausée et nous décidâmes de nous détacher de Lavrof et de sa clique. Imagine-toi que, dans son programme, il déclare la révolution un mal et il prêche la légalité ! Qu’en penses-tu, avons-nous eu raison de nous faire schismatiques ?


On trouve aussi dans le calendrier-journal de Bakounine des indications relatives à ses rapports avec ses amis italiens. Cafiero, revenant d’Italie, arriva à Locarno le 4 novembre au soir ; il y resta jusqu’au 11 au matin. Le 21 arriva Fanelli, qui repartit dès le lendemain. Le 23 décembre arrivèrent Cafiero et Palladino, et le 25 Fanelli ; il s’éleva, le 27, une « discussion vive » entre celui-ci et Bakounine, dont le résultat fut une de ces bouderies dont Fanelli était coutumier ; le calendrier-journal porte, le 28 décembre: « Beppe parti à 5 heures matin. Toute la journée causé sur son compte, soir aussi. » Le 30 arrivèrent Chiarini et Orsone, deux Romagnols de Faenza, avec lesquels il y eut « fraternisation ».

Cependant le pauvre Pezza se mourait à Naples. Il cessa de vivre le 8 janvier ;

  1. Sokolof, après avoir entendu les explications que Ross lui apportait de Zürich et de Locarno, était parti avec Ross pour Zürich, bien décidé à faire cause commune avec Bakounine contre Lavrof.
  2. Bakounine et ses amis avaient conçu en 1872 le projet de créer à Zürich une imprimerie russe. Ce projet devait se réaliser en 1873.