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dix-huit ans, doit correspondre une marche graduée et progressive pour leur éducation mentale, gymnastique et technologique.

« En exceptant peut-être la première classe [de neuf à douze ans], les dépenses de ces écoles polytechniques doivent être en partie couvertes par la vente de leurs produits.

« Cette combinaison du travail productif payé avec l’éducation mentale, les exercices corporels et l’apprentissage technologique, élèvera la classe ouvrière bien au-dessus du niveau des classes bourgeoises et aristocratiques.

« Il est sous-entendu que l’emploi de tout enfant ou adolescent de neuf à dix-huit ans dans tout travail de nuit ou dans toute industrie dont les effets sont nuisibles à la santé doit être sévèrement interdit par la loi.


« 5. Travail coopératif.

« L’œuvre de l’Association internationale est de combiner, de généraliser et de donner de l’uniformité aux mouvements spontanés de la classe ouvrière, non de les diriger ou de leur imposer n’importe quel système doctrinaire. Par conséquent, le Congrès ne doit pas proclamer un système spécial de coopération, mais doit se limiter à l’énonciation de quelques principes généraux.

« a) Nous reconnaissons le mouvement coopératif comme une des forces transformatrices de la société présente, basée sur l’antagonisme des classes. Leur[1] grand mérite est de montrer pratiquement que le système actuel de subordination du travail au capital, despotique et paupérisateur, peut être supplanté par le système républicain de l’association de producteurs libres et égaux.

« b) Mais le mouvement coopératif limité aux forces microscopiques de développement que peuvent produire par leurs combinaisons des esclaves individuels salariés, est impuissant à transformer par lui-même la société capitaliste. Pour convertir la production sociale en un large et harmonieux système de travail coopératif, des changements sociaux généraux sont indispensables[2]. Les changements des conditions générales de la société ne seront jamais réalisés sans l’emploi des forces organisées de la société. Donc le pouvoir gouvernemental, arraché des mains des capitalistes et des propriétaires fonciers, doit être manié par la classe ouvrière elle-même.

« c) Nous recommandons aux ouvriers d’encourager la coopération de production plutôt que la coopération de consommation, celle-ci touchant seulement la surface du système économique actuel, l’autre l’attaquant dans sa base.

« d) Nous recommandons à toutes les sociétés coopératives de consacrer une partie de leurs fonds à la propagande de leurs principes, de prendre l’initiative de nouvelles sociétés coopératives de production et de faire cette propagande aussi bien par la parole que par la presse.

« e) Dans le but d’empêcher les sociétés coopératives de dégénérer dans les sociétés ordinaires bourgeoises (sociétés de commandite), tout ouvrier employé doit recevoir le même salaire, associé ou non. Comme compromis purement temporaire, nous consentons à admettre un bénéfice très minime aux sociétaires.


« 6. Sociétés ouvrières (Trades’Unions), leur passé, leur présent, leur avenir.

« a) Leur passé.

« Le capital est la force sociale concentrée, tandis que l’ouvrier ne dispose que de sa force productive individuelle. Donc le contrat entre le capital et le travail ne peut jamais être établi sur des bases équitables, même en donnant au mot « équitable » le sens que lui attribue une société plaçant les conditions matérielles d’un côté et l’énergie vitale de l’autre. Le seul pouvoir social que possèdent les ouvriers, c’est leur nombre. La force du nombre est annulée par

  1. Il faut peut-être lire « son », au lieu de « leur ».
  2. Texte allemand (dans Jaeckh, p. 38) : Allein um die soziale Produktion in grossen Dimensionen in ein System, der kooperativen Arbeit zu verwandeln, dazu sind die zwerghaften Formen der Entwicklung numerisch schwacher und isolirter Lohnarbeiterkreise ungenügend, dazu bedarf es allgemeiner gesellschaftlicher Veründerungen, die nur durch die organisirten Gewalten der Gesellschaft verwirklicht werden können.