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Pierre et A. de m’écrire quelque chose. J’espère qu’à présent au moins ma prière sera entendue.

Au revoir, chers amis. .J’attends avec impatience votre réponse.

Votre A. Roubleff

Cette lettre est destinée pour Pierre aussi, comme les précédentes.


Des membres de la section de Reggio d’Emilia, qui comparurent en cour d’assises, en juillet, pour avoir publié un manifeste révolutionnaire, furent acquittés au milieu de l’enthousiasme général. À Cesena, des internationaux avaient soutenu une lutte contre la police qui voulait leur enlever un drapeau rouge quatre furent acquittés, et un cinquième condamné à un mois de prison : « L’ours de Berne, écrivit le Bulletin (26 août), a la patte plus lourde que les juges de l’Italie monarchique ».


Dans son numéro du 29 juillet, le Bulletin publia une lettre que lui écrivaient les rédacteurs de l’Helliniki Dimokratia de Patras pour annoncer leur mise en liberté sous caution. Une seconde lettre, publiée le 26 août, contenait cette déclaration : « Nous sommes convaincus que la solution de la question sociale n’est pas possible sans la révolution sociale, et que ceux qui pensent autrement se trompent ». Le Bulletin ajouta : « Des sections de l’Union démocratique du peuple sont en formation à Athènes, à Syra, à Nissi, à Vostizia, à Filliatre, à Céphalonie. Espérons qu’avant peu la Grèce formera l’une des Fédérations régionales de l’Internationale. »

De Russie, on annonça, vers la fin d’août, un procès monstre intenté à deux cent huit paysans de Tchiguirine à la suite d’une émeute agraire ; en même temps, des socialistes détenus pour la plupart depuis 1874, au nombre de cent quatre-vingt-treize, venaient de recevoir leur acte d’accusation.

Une lettre de Pétersbourg, publiée dans le Bulletin du 2 septembre, raconta que le chef de la police, Trépof, avait fait fouetter dans la cour de la maison de détention préventive un détenu socialiste, Bogolioubof. On sait comment, cinq mois plus tard, le pistolet de Véra Zassoulitch devait faire justice du bourreau.


J’ai dit (p. 210) que, dans les colonnes du Mirabeau, le dernier mot était resté à Costa contre Malon. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans le Bulletin du 22 juillet (article écrit par Brousse) :

« Le Mirabeau, organe des Sections wallonnes, a publié plusieurs correspondances à propos des récentes affaires d’Italie. Les unes émanaient d’un Français, B. Malon, et cherchaient à noircir les membres de la Fédération italienne et leurs actes ; d’autres émanaient d’un Italien, le compagnon Costa, qui avait vécu au milieu des événements et au sein des organisations italiennes, et s’efforçaient de rétablir hommes et choses sous leur jour véritable. On comprend si les amis de la propagande légale, pacifique, parlementaire, à reculons, les ennemis de tout acte d’énergie révolutionnaire, puisaient à pleines mains dans les correspondances hostiles aux hommes de Bénévent ! Heureusement leur joie paraît devoir être de courte durée. À la suite d’une dernière lettre du compagnon Costa, le Mirabeau se déclare édifié en ces termes :

« Note de la rédaction. — Nous sommes heureux d’être au courant du mouvement de nos amis d’Italie, et de connaître enfin la vérité sur cette propagande active qui a toutes nos sympathies. ».

« Qu’en dites-vous, Tagwacht, poule mouillée, ma mie ?

« Nous savions bien que, mieux informés, les révolutionnaires de la vallée de la Vesdre donneraient leurs sympathies plutôt aux hommes qui, en plein soleil, en face de tous, sur la place publique, déploient le rouge drapeau de l’humanité, à Notre-Dame-de-Kazan, à Bénévent, à Berne, qu’à ceux qui,