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En somme, le Congrès de Saint-Imier a été plus qu’un congrès ordinaire : il a été une grande manifestation populaire et socialiste, revanche significative de l’outrage fait au drapeau rouge par la police de Berne ; il a été aussi une fête ouvrière, dans laquelle bon nombre de ceux qui ne marchent pas encore dans les rangs des socialistes organisés sont venus fraterniser avec eux et apprendre à les connaître : ils ont remporté de ce rapprochement, nous le croyons, des sentiments d’estime et d’amitié pour les hommes qui luttent en faveur de l’émancipation de la classe des travailleurs.


Après avoir résumé à grands traits la physionomie du Congrès et indiqué sa portée et sa signification, nous allons donner le plus brièvement possible un aperçu des travaux de ses cinq séances.

Les sections représentées étaient au nombre de vingt et une : elles avaient envoyé trente délégués. En voici la liste :

Berne (française) : Jean Pittet et Ch. Capt ;

Berne (allemande) : Utto Rinke ;

Berne (italienne) : Andréa Costa et Gippa ;

Berne (plâtriers-peintres) : Bernasconi et Durand ;

Berne (charpentiers-menuisiers) : Bruno ;

Graveurs et guillocheurs du district de Courtelary : Bichet et Alfred Jeanrenaud ;

Monteurs de boîtes et faiseurs de secrets du district de Courtelary : Émile Bourquin et Alcide Dubois ;

Horlogers du district de Courtelary : Georges Rossel et Virgile Favre ;

Métiers réunis [du bâtiment] du district de Courtelary[1] : Adhémar Schwitzguébel et Brætschi ;

Groupe des adhérents individuels du district de Courtelary[2] : Paggi et Émile Chatelain ;

Chaux-de-Fonds : Auguste Spichiger ;

Neuchâtel : James Guillaume et Fritz Robert[3] ;

Fleurier et Sainte-Croix : Henri Soguel[4] ;

Porrentruy : J. Libeaux, Gentilini et Joseph Verne ;

Section de Lausanne et Section de Vevey : Bouvard ;

Genève (Section de propagande et Section des plâtriers-peintres) : Jules Montels ;

Genève (italienne) : Andrea Costa (déjà nommé) et Fioromi ;

Zürich (allemande) : Kachelhofer[5] ;

  1. C’est la section des ouvriers du bâtiment dont le Bulletin du 29 juillet avait annoncé la constitution.
  2. C’est une section comprenant les adhérents qui n’appartenaient pas à un corps de métier déjà organisé en section.
  3. Il s’agit, non pas de Fritz Robert de la Chaux-de-Fonds, mon camarade d’études, ex-professeur à l’École industrielle de cette ville, mais d’un tout jeune homme, Fritz Robert, du Locle, qui avait été mon élève en 1868-1869 à l’École industrielle du Locle, en même temps que son frère puîné Henri Robert, membre du Comité fédéral jurassien ; ces deux frères, établis à Neuchâtel, y travaillaient comme ouvriers faiseurs de ressorts.
  4. Henri Soguel, je l’ai déjà dit (p. 18), était un autre de mes anciens élèves du Locle, devenu ouvrier graveur ; il travaillait à Saint-Imier, et avait déjà été, en octobre, délégué au Congrès de Berne (voir p. 98).
  5. Kachelhofer avait quitté Berne pour Zürich, en mai, je crois, et apprenait dans cette ville un métier manuel. Le 12 juin 1877, il avait écrit de Zürich (en français) à Kropotkine, après un voyage aux Montagnes : « Depuis mon départ de la Chaux-de-Fonds [où il avait fait une conférence le 29 mai], j’ai encore mené une vie vagabonde. Resté deux jours à Sonvillier (et une conférence à Saint-Imier le 30) chez Schwitzguébel, je revins à Berne, où j’arrivai justement pour la séance jolie de la Section française (Albagès y était aussi), où il y avait la tombola ; les lots étaient arrangés pour faire éclater bien souvent des rires infernaux. Il m’était pénible de partir de Berne, où j’avais trouvé de bons compagnons, de vrais jurassiens, pour retourner à Zürich et retomber là dans les combats et les disputes acharnées avec des ennemis aussi infâmes que Greulich et toute sa triste coterie ; mais il me fallait pourtant partir, et me voici arrivé à Zürich vendredi passé, pour apprendre mon métier et pour devenir ce que tous les compagnons de mon âge sont déjà devenus, — un travailleur. »