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tement absurdes. Au cours du débat, M. Riley dit : « Je proteste contre cette discussion ; le Conseil n’a rien à faire avec ce qui paraît dans le journal ». Le citoyen Hales répondit : « Si nous n’avons rien à faire avec ce qui paraît dans notre organe officiel, je proposerai qu’il cesse d’être notre organe officiel ». Le citoyen Riley dit alors : « Je n’attendrai pas votre décision ; j’effacerai moi-même ces mois du titre ; je pourrai alors insérer ce que je voudrai, et cela sera beaucoup mieux pour moi[1] ». La semaine suivante, en effet, M. Riley enleva du journal les mots Organe officiel du Conseil fédéral anglais de l’Internationale. C’est ainsi que l’International Herald a cessé d’être l’organe des internationaux anglais.

Voici, pour terminer, des détails édifiants sur les dernières manœuvres des marxistes. Le Conseil fédéral anglais se réunissait au n° 7 de Red Lion Court, dans une pièce appartenant à l’imprimeur de l’International Herald. Il fallait payer cinq shillings par semaine pour la location de cette chambre. Le Conseil fédéral avait chargé le citoyen Hales de payer cette location ; il devait être remboursé chaque fois par les membres du Conseil. Au bout de quelques semaines, le citoyen Hales trouva que certains délégués mettaient trop peu de bonne volonté à verser leur quote-part des frais : il annonça donc au Conseil qu’il déclinait pour l’avenir toute responsabilité dans le paiement de la salle. Le Conseil se sépara sans avoir rien statué à ce sujet, et la clef du local fut rendue au propriétaire. C’était le jeudi 5 décembre. Or, la semaine suivante, quelques membres de la minorité du Conseil obtinrent, par un moyen ou par un autre, la clef de la salle, et ils convoquèrent pour le jeudi 19 décembre une réunion composée exclusivement de la minorité. Dans cette réunion, on renouvela le bureau, et on rédigea une circulaire informant les sections que le citoyen Hales avait été destitué de son office du secrétaire correspondant. En outre, pour éviter la présence des membres de la majorité, on décida de changer le jour des réunions, et de le fixer au lundi. Cet arrangement devait rester secret ; mais M. Riley en ayant prévenu par lettre le citoyen Bennett, pour l’inviter aux réunions de la minorité, l’affaire fut ébruitée. Tous les membres du Conseil furent aussitôt prévenus, et le lundi suivant 23 décembre ils vinrent en grand nombre ; les organisateurs du complot constatèrent, à leur grand déplaisir, qu’il y avait plus de monde qu’ils n’eussent désiré. Ils restèrent à la porte, ne sachant quel parti prendre. Les membres qui étaient venus pour discuter et voter loyalement entrèrent, bien résolus à tenir une séance. Le citoyen Grout fut élu président, et réclama le procès-verbal. Personne ne répondit, bien que le secrétaire, le citoyen Mitchell, fût en bas. On demanda au citoyen Hills, qui était présent, et qui avait assisté à la séance du 19, d’en donner de mémoire un résumé. Il le fit, et déclara entre autres qu’il avait été décidé de convoquer une réunion pour ce soir-là, et que c’était en vertu de cette convocation qu’il était venu. La résolution suivante fut alors proposée et votée à l’unanimité : « Toutes les décisions prises dans la séance du 19 décembre sont annulées, à l’exception de celle concernant le changement des jours de réunion ». Sur ces entrefaites, le ci-

  1. C’était Marx qui était l’instigateur de cette nouvelle altitude de Riley ; il l’a raconté lui-même (voir plus loin p. 36).