Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/590

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« Quel jugement porterez-vous sur ces journaux qui pourtant se disent socialistes, et qui n’ont eu que des injures pour nous, bien que leurs rédacteurs présents au Congrès de Berne l’an dernier, eussent promis d’appuyer et de seconder les efforts qui seraient faits dans chaque pays, soit pour propager nos idées, soit pour nous émanciper effectivement[1] ?

« Voilà donc les preuves de solidarité qu’ils nous donnent !

« Est-ce là la conduite qu’ils devaient tenir à notre égard ?

« Non.

« Chaque fois qu’eux, par l’emploi de moyens qui ne sont pas les nôtres, ont remporté quelque succès ou ont tenté quelque expérience, nous en avons parlé toujours avec respect et avec sympathie : jamais, nous pouvons le dire, nous ne les avons ridiculisés ou traités avec mépris.

« Et eux ? Ouvrez le Vorwärts, la Tagwacht, le Mirabeau[2], le Radical, et vous verrez. Des journaux italiens, nous n’en parlons pas.

« Mais jetons un voile sur toutes ces misères, et espérons que l’avenir nous apportera des choses meilleures.

« En attendant, compagnons, que ni les persécutions du gouvernement ne puissent vous lasser, ni les ruses des adversaires vous abuser. Peuple, restons avec le peuple ; révolutionnaires, soyons fidèles à la révolution. L’Internationale est mise au ban de l’Europe officielle et officieuse : Vive l’Internationale ! »


Le numéro suivant du Bulletin (17 juin) contient cet entrefilet :


Le Vorwärts a fini par s’exécuter, et par reconnaître publiquement que le dernier mouvement révolutionnaire italien n’était pas l’œuvre de la police, comme il l’avait fait croire à ses lecteurs. Il est vrai que c’est de bien mauvaise grâce qu’il fait amende honorable, et il a soin de prétendre à cette occasion, en s’appuyant sur le Povero de Palerme et sur une correspondance du Mirabeau, qu’il existe en Italie de nombreuses fédérations, telles que la vénitienne, la napolitaine, la sicilienne, la ligurienne, l’émilienne, qui sont hostiles à la « prétendue » Fédération italienne. Costa a déjà, dans sa réponse au correspondant du Mirabeau, réduit à sa juste valeur cette affirmation absurde, « qui ferait rire les pierres », pour employer son expression.

Nous ne nous amuserons pas à chercher à démontrer au Vorwärts que les renseignements qu’on lui fournit sur l’Italie sont fantastiques. Un journal dont les rédacteurs en sont encore à se figurer que le mouvement insurrectionnel tenté à Letino, à quelques lieues de Naples, par Cafiero et ses amis, a eu lieu en Romagne (!), nous paraît destiné à gober toutes les bourdes que des correspondants sans scrupules trouveront bon de lui faire avaler, — et qu’il trouvera lui-même utile à sa cause de paraître prendre au sérieux.


Autre entrefilet du Bulletin (24 juin) :

  1. Rapprocher ce passage de la circulaire, et ceux qui suivent, de l’article du Bulletin du 13 mai 1877 (voir pages 195-196).
  2. On a vu que le Mirabeau avait publié une correspondance injurieuse de Malon ; mais il venait d’insérer une réponse de Costa.