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Luc (aussi à Londres). En 1872, un Conseil fédéral anglais fut organisé et reconnu par le Conseil général, et il élabora un règlement fédéral. Mais quoique le Conseil fédéral eût été reconnu, et qu’il envoyât ses délégués au Conseil général, il était complètement tenu en tutelle par ce dernier : c’était le Conseil général qui décidait, dans la pratique, qui devait siéger ou ne pas siéger dans le Conseil fédéral anglais. Il demanda et obtint l’exclusion de divers citoyens dont l’honnêteté et l’intégrité ne pouvaient être mises en doute ; et lorsque le Conseil fédéral, mécontent de la conduite d’un de ses délégués au Conseil général, voulut le remplacer, le Conseil général le maintint dans sa charge. Pour en finir avec cet état de choses, le Conseil fédéral décida de convoquer un Congrès des Sections anglaises à Nottingham (juillet 1872). Mais là encore le Conseil général intervint : le sous-comité du Conseil général envoya à ce Congrès le citoyen Dupont, avec des instructions spéciales ; et celui-ci prit en effet part au Congrès comme délégué de la Société des bricklayers de Manchester ; mais le mandat qu’il présenta ne portait ni la signature du secrétaire de cette Société, ni le timbre officiel. En outre, certaines personnes avaient écrit à la Section de Manchester pour lui recommander d’envoyer le plus grand nombre possible de délégués, et de tâcher d’obtenir que le Conseil fédéral fût placé à Manchester, la chose étant, disait-on, indispensable. La seconde partie du complot échoua, et le Conseil fédéral fut maintenu à Londres ; mais le Conseil général ne discontinua pas de s’ingérer dans ses affaires.

Sur ces entrefaites, un publiciste anglais, M. Kiley, entreprit la publication d’un journal hebdomadaire qu’il appela l’International Herald, et il essaya d’obtenir qu’il fût adopté comme l’organe officiel du Conseil général. Son offre, combattue par Engels, fut rejetée ; bien plus, le Conseil général, dans un document public, répudia formellement l’International Herald ; ce document fut rédigé par Marx et Engels ; ce dernier parla toujours du journal de M. Riley dans les termes les plus méprisants, et fit son possible pour le tuer. M. Riley s’était aussi adressé aux membres du Conseil fédéral anglais, et les avait priés d’appuyer son entreprise ; ceux-ci, en particulier Hales et Roach, firent tout ce qu’ils purent pour soutenir et répandre le nouveau journal, et l’International Herald lui-même adopté comme l’organe officiel du Conseil fédéral (mars 1872), à la condition que le Conseil fédéral aurait la direction de toute la partie du journal relative à l’Internationale, mais ne s’occuperait pas du reste de la rédaction. En juin 1872, M. Riley annonça qu’il n’avait pas de ressources suffisantes pour continuer son journal. Là-dessus une société par actions se constitua pour venir à son aide, sous la présidence du citoyen Hales ; un prospectus fut imprimé aux frais du Conseil fédéral, et des fonds furent souscrits et versés. Tout à coup M. Riley fit savoir qu’il venait de prendre des arrangements particuliers à l’égard du journal, et qu’il n’avait plus besoin d’actionnaires ; il promit en même temps de rendre les fonds qu’il avait reçus ; mais jusqu’à présent il ne l’a pas fait.

Dans la séance du Conseil fédéral du jeudi 25 novembre 1872, l’attention du Conseil fut appelée sur un compte-rendu inséré dans l’International Herald au sujet d’une conférence donnée sur l’Internationale par M. De Morgan à Nottingham ; ce compte-rendu contenait plusieurs assertions complè-