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magne, en Autriche, en Hongrie, en Portugal, en Amérique, en Danemark, en Pologne, et en Suisse, sauf un petit nombre de sections dans ce dernier pays. Nous pourrions demander comment ces renseignements ont été obtenus ? Le Conseil fédéral anglais n’a jamais rien appris de semblable, quoiqu’il soit en correspondance avec cinq des pays sus-mentionnés et qu’il en reçoive des journaux. La vérité, c’est que cette assertion des circulaires est un mensonge[1]. Dans quelques-uns des pays énumérés, l’Internationale n’existe pas ; on aurait donc tout aussi bien pu ajouter encore, pour grossir la liste, l’Inde, la Chine, le Japon et le royaume de Siam[2]. Nous défions nos adversaires de produire une liste des noms et des adresses des secrétaires des Fédérations et Sections qui ont reconnu le Congrès de la Haye et accepté ses résolutions. Presque toutes les Fédérations de l’Internationale les ont repoussées. Elles ont été hautement répudiées par les Conseils fédéraux d’Amérique, d’Espagne, d’Italie, de Belgique, et du Jura, par beaucoup de Sections françaises, et tout dernièrement par deux importants Congrès régionaux[3].

« Dans chacun de ces pays le mouvement a été spontané. C’est le scandale même de toute l’affaire qui a forcé les Fédérations à se prononcer contre elle. Elles n’ont pas pu faire autrement, lorsque les faits sont venus à leur connaissance. Il n’y a eu ni fraude ni intrigue ; aucune Fédération ne nous a jamais engagés à nous occuper de cette affaire, soit en convoquant un Congrès, soit autrement, et nous n’avons jamais écrit à aucune d’elles une seule ligne pour les prévenir que nous eussions l’intention de discuter cette question. S’il y a eu « un complot pour duper la Fédération anglaise », il a été organisé par ce parti qui, pensant que la fin justifie les moyens, a systématiquement étouffé la vérité et supprimé les faits...

« On prétend que les critiques que nous faisons de la translation du Conseil général à New York viennent simplement de ce qu’à nos yeux « un Conseil général où ne siègent pas les citoyens Hales, Mottershead, Jung, Bradnick, Mayo et Roach ne peut pas représenter l’Internationale ». En réponse à cette insinuation, nous rappellerons simplement que dans la dernière séance tenue par l’ex-Conseil général, le citoyen Jung proposa que le Conseil général n’eût plus son siège à Londres. Cette proposition fut fortement appuyée par les cinq autres citoyens nommés plus haut, leur opinion étant que, dans l’intérêt de l’Association, le Conseil général devait être transféré sur le continent. Le citoyen Jung ne se borna pas à faire cette

  1. Pour la France, on verra tout à l’heure ce qu’il en était. En Allemagne, en Autriche, en Hongrie, l’Internationale n’existait pas. Sur le Portugal, Engels écrit à Sorge le 4 janvier 1873 : « En Portugal, le droit d’association n’existe pas ; aussi l’Internationale n’y est-elle pas officiellement constituée ». Sur le Danemark, le même jour : « Du Danemark toujours pas une seule ligne. J’appréhende que les schweitzeriens n’aient tripoté là au moyen de leurs adhérents du Schleswig. » Sur la Pologne, Marx écrit le 21 décemhre 1872 : « Le Conseil général n’avait pu obtenir l’adhésion de la Pologne qu’à la condition (nécessaire vu la situation du pays) qu’il n’aurait affaire qu’au seul Wroblewski, et que celui-ci communiquerait seulement ce qu’il jugerait convenable. Vous n’avez pas le choix : il faut donner à Wroblewski le même pouvoir illimité que nous lui avions accordé, ou renoncer à la Pologne. »
  2. C’est ce que font aujourd’hui (1908) les dirigeants de la soi-disant « nouvelle Internationale »
  3. Ceux de Bruxelles et de Cordoue, dont il sera parlé plus loin.