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du Conseil se réunit de nouveau, décida la convocation du Congrès anglais pour le 26 janvier, et nomma une Commission exécutive de six membres chargée de préparer ce Congrès. Cette Commission, composée de Foster, Pape, Jung, Hales, Mayo et Grout, publia en janvier un Appel aux Sections anglaises, contenant des détails circonstanciés sur l’intrigue marxiste et sur la scission que cette intrigue avait réussi à produire en Angleterre. Le Bulletin donna une analyse de ce document, où sont racontés les détails de toute cette histoire, et je reproduis ci-dessous les parties essentielles de notre article :


L’Internationale en Angleterre.

Le Conseil de la Fédération anglaise de l’Internationale s’est prononcé, comme on le sait, contre le Congrès de la Haye. Il a convoqué à Londres, pour le 5 janvier 1873, un Congrès des Sections anglaises pour lui soumettre la question. Ceci n’a pas été du goût de Marx, qui comptait quelques amis au sein du Conseil fédéral anglais ; ces amis, à la tête desquels sont Lessner et Eugène Dupont, ont fait bande à part, et ont publié une protestation contre la convocation du Congrès. Rien de plus permis, à coup sûr ; mais ces protestants ont cru devoir en même temps prendre pour eux le titre de Conseil fédéral anglais, bien qu’ils ne fussent qu’une petite minorité de ce Conseil. C’est la répétition du coup d’État exécuté en 1871 par Sorge contre le Conseil fédéral américain.

Ce procédé a engagé le véritable Conseil fédéral anglais à publier un Appel aux Sections anglaises, dont nous avons reçu communication, et dont nous traduisons les passages principaux à cause de son importance.

Après avoir annoncé que la date de la convocation du Congrès anglais était reportée au 26 janvier, le Conseil fédéral ajoute :

« Deux circulaires[1] vous ont été envoyées dans le but de dénaturer les faits et de vous aveugler sur l’état réel des choses. Les deux circulaires en question, bien que provenant en apparence de deux corps distincts, — l’une de la « Section étrangère » de Manchester, et l’autre de quelques individualités qui s’arrogent le titre de Conseil fédéral anglais, — émanent en réalité de la même source, comme on peut le voir par la comparaison de leur contenu. Un examen un peu attentif démontre qu’elles n’ont évidemment pas pu être écrites par ceux au nom desquels on les publie, surtout en ce qui concerne celle attribuée à la « Section étrangère » de Manchester, section qui n’existe que depuis trois mois à peine….

« Le Congrès de la Haye, nous le déclarons, n’a été qu’une mystification ; et, lorsque le Congrès anglais sera réuni, nous prenons l’engagement de prouver les faits suivants : Qu’il y a eu à la Haye des individus qui ont voté en vertu de mandats émanant de sections qui n’ont jamais existé ; — que des mandats ont été donnés à des individus qui n’étaient pas membres de l’Association ; — qu’à la Haye un certain parti a offert des mandats à diverses personnes, à la condition qu’elles voteraient d’une certaine façon, offre qui a été repoussée avec indignation ; — que, à la suite d’instructions données, on avait apporté d’Amérique des mandats en blanc, qui n’avaient pas été délivrés par les sections dont ils étaient censés émaner ; — que ces mandats ont été distribués par certaines personnes à qui leur plaisait ;

  1. Les contre-circulaires rédigées par Mars et Engels.