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Le premier numéro de la Tagwacht qui a paru après l’affaire du 18 mars contenait, en tête du journal, un court résumé des événements, suivi de l’observation suivante, sur laquelle une main indicatrice appelait l’attention spéciale du lecteur :

« ——> Les sections bernoises du Schweizerischer Arbeiterbund n’ont pas pris part à ce scandale, et elles ont célébré le 18 mars le soir, dans un autre local. »

Ne craignez rien, digne rédacteur de la Tagwacht, il n’y a pas de risque que l’on confonde vous et les vôtres avec les véritables socialistes.


Dans son numéro du 31 mars, revenant sur ce sujet, la Tagwacht se moqua de ce qu’elle appelait « les démonstrations insensées de la rue, dont l’issue peut être prévue par toute personne raisonnable (unsinnige Strassendemonstrationen, deren Ausgang von jedem Vernünftigen vorausgesehen werden kann) ».

Le Vorwärts, lui, parla au contraire de nous avec sympathie[1]. Le Bulletin cita et commenta en ces termes son appréciation des faits :


Le Vorwärts de Leipzig s’exprime comme suit, dans son numéro du 30 mars, à propos de la manifestation de Berne :

« À l’occasion de la fête du 18 mars, il y a eu de nouveau à Berne de honteux excès de la part de la police et de la clique des défenseurs de l’ordre [Ordnungspöbel). Nous avons différé jusqu’à présent d’en parler, parce que les nouvelles étaient très contradictoires. Mais maintenant il est bien constaté que nos camarades de la tendance bakouniste (unsere Parteigenossen bakunisticher Richtung) étaient complètement dans leur droit, et qu’on ne peut pas leur faire le moindre reproche [und dass sie auch nicht der entfernteste Vorwurf treffen kann). Nous tenons à faire cette déclaration, parce que certains adversaires essaient de séparer de la nôtre la cause des socialistes qui ont été à Berne les victimes d’un brutal attentat ( Wir erklären dies ausdrücklich, weil man gegnerischerseits den Versuch macht, die Sache der Sozialisten, welche in Bern das Opfer eines pöbelhaften Attentats geworden sind, von der unsrigen zu trennen). »

Voilà le langage que nous aurions voulu voir tenir à l’organe de l’Arbeiterbund ; mais, bien loin de faire une semblable déclaration de solidarité, la Tagwacht a tenu à séparer publiquement et nettement notre cause de la sienne.

Le Vorwärts nous appelle « unsere Parteigenossen bakunistischer Richtung » ; la Tagwacht nous traite en ennemis.

Nous constatons une fois de plus qu’il y a, entre les socialistes de l’Allemagne et ceux de l’Arbeiterbund, une différence bien tranchée.


Voici encore quelques entrefilets du Bulletin, du 1er avril au 20 mai, relatifs à la manifestation :


L’Arbeiter-Zeitung du 25 mars insiste, et avec raison, sur deux détails caractéristiques qui prouvent jusqu’à l’évidence que la population de Berne

  1. Il y avait évidemment deux courants opposés dans la rédaction du Vorwärts. Quand l’influence de Hasenclever se faisait sentir, le journal parlait des Jurassiens avec bienveillance ; mais le plus souvent c’étaient les marxistes qui tenaient la plume, et leur tendance finit par l’emporter tout à fait.