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Fête anniversaire du 18 mars 1871.

La Fédération ouvrière du district de Courtelary vient de proposer aux sections de la Fédération jurassienne, par une circulaire, de fêter en commun, cette année encore, l’anniversaire du 18 mars. La même fédération propose la ville de Berne comme lieu de réunion.

Toutes les sections qui ont répondu (et la majorité des sections l’a fait) acceptent la proposition de la Fédération du district de Courtelary. De plus, les sections de Berne ont envoyé leur enthousiaste adhésion. Il ne reste plus que les détails d’organisation à régler.

Dès aujourd’hui donc nous invitons instamment tous les membres de l’Internationale, les proscrits, et les citoyens sympathiques au mouvement populaire du 18 mars 1871, à se rendre à Berne le dimanche 18 mars 1877.

Les sections de Berne auront des délégués à l’arrivée de tous les trains pour recevoir et conduire les invités ; dans tous les cas, toute la matinée du dimanche 18, on pourra s’adresser au bureau de l’Arbeiter-Zeitung, rue des Fontaines, 2, second étage, Berne. Il est indispensable que tous les citoyens qui viendront du dehors soient déjà rendus à Berne dans la matinée du dimanche pour la réunion préparatoire.


Le numéro du dimanche 18 mars publia en tête de ses colonnes l’article que voici :


Anniversaire du 18 mars.

Les délégués des Sections jurassiennes et les proscrits de la Commune se réunissent aujourd’hui à Berne, pour fêter ensemble le souvenir de la révolution accomplie il y a six ans par le peuple parisien. Une réunion publique aura lieu à deux heures de l’après-midi, et le soir, dans une nouvelle assemblée, pourra s’engager une discussion de principes analogue à celle qui a eu lieu l’an dernier à Lausanne.

À cette heure plus que jamais, il est important de raviver les sentiments généreux qui dictèrent au prolétariat de Paris l’insurrection du 18 mars, et de populariser, par une active propagande, le programme de la Commune et de l’Internationale. L’horizon se couvre de nuages ; la situation politique, en France, devient chaque jour plus précaire ; et tout fait prévoir qu’avant peu les exploiteurs du peuple français lui fourniront une nouvelle occasion de revendiquer ses droits. Une révolution victorieuse à Paris serait pour l’Europe le signal d’une guerre générale. Ainsi, veillons et étudions, tâchons de nous rendre un compte exact de ce que nous voulons, et de savoir où nous allons.

Une circonstance particulière a fait choisir Berne, plutôt qu’une ville de la Suisse française, pour le lieu de la réunion générale : c’est l’espoir, disons mieux, c’est la certitude de pouvoir y fraterniser avec un certain nombre de socialistes de langue allemande, qui, dégoûtés de la politique tortueuse et des vues étroites de certains membres du Schweizerischer Arbeiterbund, se sont ralliés franchement à l’Internationale. La réunion de Berne permettra de constater que l’Internationale, qui, pendant assez longtemps, n’avait pu se développer en Suisse que dans la partie française du