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ouvrière. Le 22 février il y eut une réunion des comités des différentes sociétés ouvrières du district de Courtelary, en vue de la convocation d’une assemblée générale de toutes les sociétés ouvrières du Vallon, où il serait délibéré sur « le programme du parti ouvrier » ; cette assemblée fut fixée au dimanche 25 mars, dans la grande salle du Buffet de la gare ; le soir, il devait y avoir soirée familière avec tirage d’une tombola. Le samedi 3 mars, Élisée Reclus fit à Saint-Imier la conférence publique dont il a été parlé plus haut (p. 149) ; le sujet traité fut « l’anarchie et l’État ». « Il expliqua, — dit le correspondant du Bulletin — la signification scientifique du mot anarchie » ; et Joukovsky, après lui, « réfuta les principaux arguments qui sont invoqués par nos adversaires contre la liberté ».

De la conférence faite le lendemain, à la Chaux-de-Fonds, par Reclus et Joukovsky, le Bulletin parle en ces termes : « Le dimanche 4 mars, Élisée Reclus et Joukovsky, venant de Saint-Imier où ils avaient parlé la veille, ont donné à la Chaux-de-Fonds, à l’amphithéâtre du nouveau Collège, une conférence sur la question d’Orient. Reclus a traité le sujet au point de vue géographique, Joukovsky au point de vue historique. Le National suisse du samedi avait annoncé cette conférence comme « une bonne fortune pour le public de la Chaux-de-Fonds ». Or les deux conférenciers, qui sont des membres de l’Internationale, ont purement et simplement développé à l’amphithéâtre du Gollège, sous une autre forme, le même programme que Spichiger avait affirmé, quatre jours auparavant, devant l’assemblée populaire du 1er mars. » J’ai dit plus haut que la recette de cette conférence, qui était payante, devait être affectée à la publication de la suite des Esquisses historiques.

À Berne, il y avait aussi des réunions de propagande. Le Bulletin (3 février) annonça celle du 10 février en ces termes : « La Section de propagande organise pour le samedi 10 février une soirée familière. La soirée commencera par une conférence du compagnon Montels, de Genève, sur cette question : « De la situation de la femme » ; elle se terminera par une tombola socialiste. Quelques délégués de sections voisines doivent aussi apporter leur concours. »

À Neuchâtel, le mardi 27 février, conférence par Émile Werner, en allemand et en français, sur « le socialisme en Allemagne ». Le public, fort nombreux, était composé au moins pour moitié d’ouvriers allemands. Werner, « après avoir donné un juste tribut d’éloges à la persévérance et au courage des agitateurs socialistes en Allemagne, signala les lacunes et les côtés faibles du mouvement, et insista particulièrement sur la théorie erronée de l’État populaire (Volksstaat), dont il fit la critique en se plaçant au point de vue anti-autoritaire. Cette critique a été écoutée avec beaucoup d’intérêt et de curiosité par les ouvriers allemands présents, qui entendaient pour la première fois un anarchiste développer dans leur propre langue des théories qui ne leur étaient jusqu’alors connues que par les calomnies de la Tagwacht. Une discussion s’engagea auprès la conférence. Une membre de l’Arbeiterbund, le citoyen Lutz, essaya de combattre, non point les idées spéciales émises par le conférencier, mais le programme même du socialisme, où il déclara ne voir que de belles utopies : il faut, dit-il, tâcher de répandre l’instruction ; c’est seulement quand le peuple sera assez instruit que sa position économique pourra s’améliorer. Guillaume et Werner répondirent à Lutz, et démontrèrent que celui-ci, bien que membre de l’Arbeiterbund, se plaçait absolument sur le même terrain que les réactionnaires allemands tels que les Schulze-Delitzsch et les Max Hirsch. » (Bulletin.)

J’étais fort souffrant ce jour-là, et j’avais dû aller, par une bise glaciale, attendre à la gare Werner, qui venait de Berne : cela redoubla mon mal, au point qu’à dix heures du soir je fus contraint de quitter le local où avait lieu la conférence, sans attendre la fin du débat. Pendant les quinze jours qui suivirent, je fus martyrisé par des névralgies atroces, que rien ne pouvait calmer, et qui m’empêchaient de travailler. Le Bulletin du 4 mars contient l’avis suivant : « Une indisposition du membre du Comité fédéral jurassien chargé de la rédaction du Bulletin nous empêche de publier cette fois-ci divers articles et comptes-rendus qui auraient dû paraître. On voudra bien nous excuser si