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listes, ils sont plus dangereux que les ennemis déclarés de la cause populaire. »

Un nouveau journal annonça son apparition pour le 15 décembre, à Florence, sous le titre de l’Anarchia. Son programme disait: « Nous ne sommes pas des Katheder-Socialisten ; nous parlerons un langage simple, afin que le prolétariat comprenne une bonne fois quel est le chemin qu’il doit suivre pour arriver à sa complète émancipation. L’Anarchia combattra sans trêve non seulement la bourgeoisie exploitante, mais aussi les nouveaux charlatans du socialisme : car ces derniers sont les ennemis les plus dangereux de la classe ouvrière. » Mais la publication de l’Anarchia dut être ajournée : le journal ne parut que huit mois plus tard, à Naples.

La conduite équivoque de la Plebe, à Milan, et ses procédés indélicats en matière de journalisme, nous dégoûtaient. Perdant patience, je lui dis son fait dans le Bulletin du 17 décembre, à propos du démarquage de nos articles, en ces termes :


Le journal milanais la Plebe publie de prétendues correspondances particulières de Paris ; ces correspondances sont tout simplement fabriquées par la rédaction en se servant des lettres parisiennes que publie notre Bulletin. Quand la Plebe (comme elle l’a fait dans presque tous ses derniers numéros) nous emprunte nos articles de fond et les publie comme siens, sans nous nommer, nous ne nous plaignons pas : au contraire, nous sommes bien aises de voir nos idées reproduites et propagées. Mais fabriquer de fausses correspondances au moyen des correspondances authentiques que reçoit un autre journal, c’est un procédé qui nous déplaît, et qui devrait être banni de la presse socialiste. Le Vorwärts de Leipzig a reproduit la lettre de Paris publiée dans notre numéro du 26 novembre, mais il l’a reproduite telle quelle, et en indiquant qu’il l’empruntait au Bulletin : voilà comme il faut agir entre confrères.


La Plebe, naturellement, ne fut pas contente ; elle riposta par des injures. Le Bulletin, alors, l’exécuta dans l’article suivant (numéro du 14 janvier 1877) :


La Plebe est furieuse que nous ayons dévoilé la supercherie au moyen de laquelle elle a fabriqué la prétendue correspondance de Paris publiée dans son numéro du 4 décembre.

Nous pouvons estimer un adversaire, malgré la différence des opinions, lorsqu’il nous combat franchement, mais nous haïssons et méprisons la duplicité. Que penser d’un journal dont l’unique préoccupation, cela est clair pour nous maintenant, est de tromper les uns et les autres ? d’un journal qui, pour amuser certains de ses lecteurs, ouvre une souscription pour ériger un monument à Bakounine ; se déclare révolutionnaire, se range au nombre des impatients, annonce avec sympathie la réapparition du Martello, « une vieille connaissance qui n’a pas besoin de recommandation », et adresse, à l’occasion, des flagorneries à certains membres connus de l’Internationale italienne, Costa, Faggioli, Malatesta, Natta, etc. ? d’un journal qui, pour plaire à une autre catégorie de lecteurs, glisse dans la petite poste de sa troisième page des méchancetés à l’adresse des hommes qu’il nomme avec éloges à sa deuxième page ; reproduit les attaques d’un autre journal contre les délégués italiens au Congrès de Berne ; cherche à semer la désunion dans les rangs des socialistes d’Italie, et se dit partisan de la propagande pacifique pour rassurer ceux qui auraient pu prendre au sérieux ses déclarations révolutionnaires ?