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d’intrigues et de mensonges, étaient restés en dehors, commencent à entrer tous dans notre organisation. Nous ne voulons pas parler d’un petit groupe qui, s’inspirant de vues personnelles et de buts réactionnaires, cherche à faire une propagande qu’il appelle « graduelle et pacifique » : ceux-là sont déjà jugés dans l’opinion des socialistes italiens, et ne représentent rien qu’eux-mêmes ;

2° La Fédération italienne croit que le fait insurrectionnel, destiné à affirmer par des actes les principes socialistes, est le moyen de propagande le plus efficace, et le seul qui, sans tromper et corrompre les masses, puisse pénétrer jusque dans les couches sociales les plus profondes et attirer les forces vives de l’humanité dans la lutte que soutient l’Internationale ;

3° La Fédération italienne considère la propriété collective des produits du travail comme le complément nécessaire du programme collectiviste, le concours de tous pour la satisfaction des besoins de chacun étant l’unique règle de production et de consommation qui réponde au principe de solidarité. Le Congrès fédéral de Florence a démontré éloquemment l’opinion de l’Internationale italienne sur ce point ainsi que sur celui qui précède.

Salut et solidarité.

Les délégués fédéraux italiens au Congrès de Berne : Errico Malatesta, Carlo Cafiero.


La nouvelle nous parvint, en novembre, que Costa avait été condamné, par le préteur d’Imola, à un mois de prison et à six mois de surveillance pour contravention à l’ammonizione. Mais, le 22 novembre, le tribunal correctionnel de Bologne, auquel le condamné en avait appelé, cassa la sentence du préteur et prononça l’acquittement de Costa. L’accusé s’était défendu lui-même, et le nombreux public accueillit son discours par de tels applaudissements que le président menaça de faire évacuer la salle. À sa sortie, Costa reçut de la foule une ovation enthousiaste. « C’est ainsi — ajoutait l’un des journaux bourgeois qui racontèrent le procès — que le zèle intempestif des autorités politiques a valu au jeune apôtre des idées de l’Internationale une seconde apothéose. »

La presse socialiste italienne continuait infatigablement son œuvre de propagande. Le Risveglio de Sienne venait de reparaître (novembre). Le Martello, de Fabriano, transporté à Iesi, luttait non seulement contre le gouvernement, mais contre les endormeurs qui, s’occupant de « science sociale », prêchaient la « modération » et attendaient tout du temps et d’une lente évolution ; le Bulletin (10 décembre) traduisit un article intitulé Poco a poco (Peu à peu), écrit par Costa, où étaient fouaillés ces « sages », ces « apôtres de la conciliation et de l’équivoque ». Ils veulent, disait Costa, que l’on marche lentement sur la route du progrès : « Et ils ont bien leurs motifs. Sans cela, en effet, que deviendraient-ils, eux et leurs journaux ? Pour eux, le champ des fécondes études et des profondes observations sur les phénomènes de la vie industrielle se trouverait fermé. Pour les journalistes, le moyen de gagner de l’argent aurait également disparu. Adieu la vanité, alors, adieu les ambitions des hommes graves et modérés, des professeurs au petit pied, des docteurs improvisés, dont tout le désir est uniquement d’éterniser la grande question, afin d’avoir l’avantage de l’examiner dans tous ses détails et de la discuter jusqu’à la consommation des siècles... Ils craignent la révolution populaire qui viendra les démentir, et s’efforcent anxieusement d’en éloigner la date. Trouvant la satisfaction de leurs propres aspirations dans l’état de misère actuel, ils finissent par devenir, souvent sans le vouloir, profondément égoïstes et mauvais, race trompeuse dont le visage est ami, mais dont le cœur est perfide. Tout en se disant socia-