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miento d’une partie de l’armée. En décembre, la Revista social de Barcelone publiait un tableau de la lamentable situation du pays : misère croissante, crise commerciale et industrielle générale, détresse du trésor public obligé de contracter des emprunts à des taux fantastiques ; ainsi, dans l’emprunt de Cuba, « pour treize millions que le gouvernement a reçus, il faudra que dans l’espace de dix ans il rembourse deux cent deux millions ». Et le journal socialiste concluait : « Allons toujours. Qui vivra verra ! Il est certain qu’un jour ou l’autre seront appliqués des remèdes énergiques, pour guérir la gangrène qui corrompt et détruit la société. »

La Commission fédérale espagnole adressa à la fin de novembre, aux autres Fédérations de l’Internationale, une lettre faisant appel au sentiment de la solidarité en faveur des familles des déportés, des prisonniers, des exilés. Il y avait là de si nombreuses infortunes à soulager, que les ressources des travailleurs espagnols ne pouvaient y suffire : « La cotisation régulière qu’ils versent à cet effet est malheureusement insuffisante ; ils s’adressent par conséquent à leurs frères des autres pays, en les priant de leur venir en aide par des souscriptions ou par des prêts remboursables ». Une souscription fut aussitôt ouverte dans la Fédération jurassienne ; le Bulletin (10 décembre) écrivit : « Puisse, malgré la misère qui pèse, en ce moment plus que jamais, sur les ouvriers de notre région, cet appel être entendu ; puisse l’obole des travailleurs jurassiens témoigner une fois de plus, dans cette circonstance, que chez nous la solidarité est comprise et pratiquée ».


Dans son numéro du 20 octobre, le Vorwärts avait commis une erreur, en confondant, à propos d’un télégramme adressé au Congrès ouvrier de Paris du 2 octobre par M. Filipperi, membre du comité central de l’Association ouvrière mazzinienne à Rome, les mazziniens avec les socialistes. Cafiero et Malatesta envoyèrent de Berne, où ils se trouvaient à ce moment, à ce journal une lettre de rectification, écrite sur le ton de la cordialité, où ils disaient :

« Ne savez-vous pas que les mazziniens sont en Italie les adversaires acharnés du socialisme, et que les sociétés ouvrières qui suivent encore le drapeau de Mazzini sont l’équivalent, dans le mouvement ouvrier de notre pays, des sociétés dirigées en Allemagne par MM. Hirsch et Duncker ? »

Cependant les quelques intrigants (Zanardelli, Nabruzzi, Gnocchi-Viani, Ingegneros, etc.) qui combattaient la Fédération italienne de l’Internationale cherchaient des appuis à l’étranger : ils étaient entrés en relations avec la rédaction de la Tagwacht, et Greulich vit en eux des alliés dont il accepta aussitôt le concours, comme le « patriarche » Becker avait, en 1873, recherché celui de Terzaghi (voir t. III, p. 138) ; par Malon, ils avaient obtenu accès auprès de la rédaction du Mirabeau, et ce journal, durant quelques mois, allait servir, dans l’ignorance où étaient nos amis de Verviers de l’état réel des choses, d’instrument à nos adversaires. La campagne de mensonges qui, commencée dès 1874, paraissait devoir continuer, décida Cafiero et Malatesta à écrire la lettre suivante, que publia le Bulletin du 3 décembre :


Compagnons, Par suite de quelques inexactitudes et de quelques omissions dans le Compte-rendu officiel du Congrès de Berne, certains journaux ont tiré, du rapport présenté par nous sur la situation et sur les principes de l’Internationale en Italie, des conclusions qui ne sont pas tout à fait conformes à la vérité. Nous vous prions en conséquence de bien vouloir insérer dans votre journal la déclaration suivante :

1° Nous n’avons jamais rien dit qui put faire supposer qu’en Italie l’Internationale fût divisée en deux branches suivant deux courants d’idées différents. Toute la grande majorité des socialistes italiens est groupée autour du programme anarchique, collectiviste et révolutionnaire de la Fédération italienne ; et le petit nombre de ceux qui jusqu’à présent, dupes