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venu terminer sa longue et douloureuse carrière dans la ville même où le Congrès était réuni.

Le compte-rendu donné par le Bulletin (5 novembre) s’achève par ces lignes : « Au moment où le banquet se terminait eut lieu un incident que nous croyons devoir mentionner, pour prévenir toute fausse interprétation. Deux membres de la Fédération jurassienne[1] protestèrent avec vivacité contre la présence au banquet du citoyen Greulich, demandant comment ce citoyen, après avoir publié contre le Congrès et une partie des délégués les calomnies qui ont paru dans la Tagwacht, pouvait avoir l’hypocrisie de venir fraterniser avec les hommes qu’il a insultés. Cette proteslation eût pu, selon notre opinion, revêtir une autre forme ; mais nous tenons à bien constater qu’elle était dirigée, non point contre le représentant de l’Arbeiterbund, — car entre l’Internationale et l’Arbeiterbund, comme associations, il ne peut et ne doit exister que des relations fraternelles, — mais exclusivement contre la personne du citoyen Greulich. »

Le Bulletin fit ressortir la signification du Congrès dans l’article suivant (5 novembre) :


Les résultats du Congrès de Berne.

On attendait du Congrès de Berne un double résultat.

Il devait, en première ligne, manifester l’énergique vitalité de l’Internationale, malgré les persécutions acharnées dont les socialistes sont l’objet en France, en Espagne et en Italie.

En second lieu, il devait fournir aux socialistes de l’Internationale et à ceux de diverses organisations ouvrières qui ont une existence à part, comme par exemple le Schweizerischer Arbeiterbund et le Parti socialiste d’Allemagne, l’occasion de se voir et de s’expliquer, et d’examiner la possibilité d’un rapprochement amical.

À ce double point de vue, le Congrès de Berne a rempli et même dépassé notre attente.

L’Internationale, tout d’abord, s’est affirmée d’une manière éclatante. Six Fédérations régionales s’étaient fait représenter. On a pu constater publiquement qu’en Espagne, cent douze fédérations locales sont encore groupées autour du drapeau du socialisme révolutionnaire ; qu’en Italie, la Fédération italienne a rallié autour d’elle toute la portion véritablement avancée du prolétariat de ce pays ; qu’en France, les ouvriers des villes, malgré la loi Dufaure, continuent à rester secrètement affiliés à notre Association ; qu’en Suisse, l’Internationale a gagné beaucoup de terrain depuis deux ans ; qu’en Belgique et en Hollande, où l’action socialiste s’exerce sous une forme un peu différente de celle qu’elle prend dans les pays du Midi, l’Internationale se trouve dans une période de transformation qui lui prête des forces nouvelles.

L’influence de l’Internationale n’est pas restreinte aux pays où notre Association est régulièrement constituée ; cette influence s’étend — et le Congrès en a fourni la preuve — à des contrées où le mouvement socialiste ne fait que de naître ; la Grèce, le Mexique, l’Amérique du Sud saluent déjà dans l’Internationale la messagère d’un meilleur avenir.

Quant au rapprochement amical qu’on espérait établir entre l’Internationale et les organisations formées en dehors d’elle, il a été réalisé.

Le Schweizerischer Arbeiterbund s’était fait représenter à Berne par un

  1. Brousse et Werner.