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le 2 novembre 1872,— quoique pas très énergiquement jusqu’à présent. Dans son journal la Plebe (de Lodi). il a imprimé mon rapport sur le Congrès de la Haye, et une lettre que je lui ai écrite. Comme je dois lui envoyer des correspondances nous avons son journal entre les mains. Mais il se trouve au beau milieu des « autonomes », et doit prendre encore certaines précautions. » — Le 16 novembre : « Examinez s’il n’y aurait pas lieu de m’envoyer des pleins-pouvoirs pour l’Italie. Avec la lutte qu’il y a dans ce pays, où nos gens ne forment qu’une très petite minorité, il serait très désirable qu’on pût intervenir promptement. Je continue, il est vrai, ma correspondance privée, j’écris aussi dans la Plebe ; mais sans pleins-pouvoirs je ne puis pas agir sur des sections qui, comme celle de Turin, paraissent vouloir tomber entièrement et ne donnent d’elles aucune nouvelle, comme c’est trop souvent le cas en Italie. » — Le 14 décembre, Engels annonce que le n° 118 de la Plebe, qui contenait la circulaire du Conseil général, a été saisi, et Bignami arrêté, et ajoute : « Naturellement nous tirerons tout le parti possible de cette histoire (wir schlagen natürlich alles mögliche Kapital aus dieser Geschichte) ; elle va être publiée immédiatement dans le Volksstaat et la Emancipacion, pour faire voir qui sont ceux que les gouvernements regardent comme dangereux, du Conseil général et de ses adhérents, ou bien des alliancistes. Il ne pouvait rien nous arriver de plus heureux en Italie. » — Le 4 janvier 1873 : « Bignami me bombarde de lettres réclamant des secours pour lui et trois autres prisonniers. Nous lui avons envoyé un peu d’argent, et nous avons écrit pour lui en Espagne et en Allemagne. Seulement on ne peut pas tirer grand chose de là, ils ont eux-mêmes assez de dépenses de cette espèce. Mais en Amérique on devrait faire quelque chose. Il est de la plus haute importance que Lodi soit soutenu du dehors : c’est notre poste le plus solide en Italie, et, maintenant que Turin ne donne plus signe de vie, le seul sur lequel nous puissions compter. À Lodi on peut obtenir un résultat beaucoup plus important, et avec moins d’argent, qu’avec la grève des bijoutiers de Genève, de laquelle Outine, à son ordinaire, prétend que dépend l’existence de l’Internationale genevoise. Ces Genevois sont sous ce rapport comme les Belges, ils ne font jamais rien et réclament toujours tout. Avec la moitié de ce qu’on sacrifierait inutilement pour Genève, ou moins encore, on pourrait obtenir en Italie un succès colossal. Pense à la rage des alliancistes, s’ils pouvaient lire dans la Plebe : Soscrizione per le famiglie, etc. : Ricevuto dal Consiglio générale dell’ Int., Nueva York, tant et tant de Lire, et si le Conseil général de l’Internationale prouvait subitement son existence de cette manière ! Ainsi, faites ce que vous pourrez ! C’est à cause de votre circulaire que ces gens sont en prison, donc vous leur devez bien cela. Assurément il doit y avoir moyen de ramasser chez vous 30 ou 50 dollars ; mais, peu ou beaucoup, envoyez quelque chose et tout de suite, en promettant, si possible, encore d’autres envois ultérieurs. Si nous perdons Lodi et la Plebe, nous n’aurons plus un seul pied-à-terre[1] en Italie : dites-vous bien ça ! » Cet appel fut entendu ; mais, puisqu’on lui disait qu’à Lodi on pouvait « obtenir beaucoup avec peu d’argent », Sorge jugea qu’un rabais sur la somme demandée n’empêcherait pas la réussite du plan ; en conséquence, il répondit, le 12 février, en envoyant 20 dollars seulement à Engels. Dans l’intervalle, Bignami était sorti de prison ; sur quoi Engels écrivit à Sorge le 20 mars : « Quand ta lettre du 12 février est arrivée, les prisonniers étaient relâchés et Bignami signait de nouveau comme rédacteur. J’ai donc pris sur moi, l’argent n’étant plus nécessaire, de ne pas envoyer les 20 dollars, d’autant plus que le Conseil général en trouvera bien l’emploi pour ses propres besoins. » Il n’est pas d’économies négligeables ! Deux jours après, dans une nouvelle lettre, Engels ajoutait : « J’ai oublié de te dire, à propos des 20 dollars non expédiés à Lodi, que ces gens ont reçu, pendant leur mésaventure (Pech) : d’ici, 50 francs ; du Comité du Parti social-démocratique d’Allemagne, 20 thalers (75 fr.) ; d’Oberwinder à Vienne 50 florins (125 fr.), soit en tout 250 francs, ce qui m’a paru suffisant pour une affaire si bénigne, trois des prisonniers

  1. En français dans l’original.