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nine gravé pour la circonstance par Georges Jeanneret, graveur sur bois, frère de mon ami Gustave Jeanneret.

En Italie, la mort de Bakounine fut l’occasion de touchantes manifestations de sympathie. La Fédération ouvrière de Naples nous adressa une communication datée du 2 juillet (Bulletin du 16 juillet), portant :


Dans la séance d’aujourd’hui, il a été donné lecture d’une dépêche annonçant la mort de Michel Bakounine, survenue à Berne. Plusieurs compagnons ont pris la parole à ce sujet, et ont donné des détails sur les écrits du défunt, sur ses travaux, sur les grands principes qu’il a énergiquement défendus... Il fut rappelé entre autres que c’est à Bakounine qu’est due la fondation du parti socialiste italien militant : dès 1866, il avait fondé à Naples un cercle de socialistes révolutionnaires, d’où sortit en 1869 la Section napolitaine de l’Association internationale des travailleurs, la première d’Italie, organisation qui depuis lors, soit publiquement, soit secrètement, n’a jamais cessé d’exister et de prospérer, malgré les persécutions de tout genre. Michel Bakounine était membre de la Fédération ouvrière napolitaine, et deux fois, aux Congrès de Bâle et de Saint-Imier [1869 et 1872], il fut représentant de l’une de ses sections ; il y était profondément estimé et fraternellement aimé... Il a été voté à l’unanimité : 1° De placer dans la salle de nos réunions le portrait de Michel Bakounine, avec une courte notice biographique ; 2° de rendre au défunt un témoignage public de notre deuil, par la voie de la presse ; 3° de convoquer un meeting pour honorer la mémoire de ce regretté champion du socialisme révolutionnaire….


Une lettre de Costa, signée Y. (Bulletin du 23 juillet), disait: « La perte de Michel Bakounine a été vivement sentie dans toute l’Italie, et les sections et fédérations de l’Internationale italienne ont publiquement manifesté leur deuil à cette occasion. Les journaux bourgeois eux-mêmes ont dû rendre hommage à l’illustre mort, et reconnaître qu’avec lui avaient disparu une haute intelligence et un grand cœur. Il laisse beaucoup d’écrits inédits ; et tous les socialistes d’Italie verraient avec plaisir que la rédaction du Bulletin voulût bien se charger de les recueillir en vue d’une publication. Tel était, ses amis le savent, le désir de Bakounine lui-même, et tel est aussi le nôtre, car nous croyons que le comité de rédaction de votre journal est plus en état que tout autre groupe d’accomplir ce pieux et important devoir, soit par les relations qu’il a eues avec le défunt et avec ses amis, soit par la qualité de ceux qui le composent. Nous espérons que ce vœu sera réalisé[1]. »

Enfin un entrefilet du Bulletin du 6 août dit ceci :


Les adresses votées par les sections italiennes de l’Internationale à l’occasion de la mort de Bakounine prennent le caractère d’une grande et générale manifestation du prolétariat italien. Chaque numéro de la Plebe et des autres journaux socialistes d’Italie nous en apporte de nouvelles : toutes rendent hommage au penseur et au lutteur qui a tant fait pour la cause de la Révolution.


Une lettre adressée au Bureau fédéral de l’Internationale par la Commission fédérale espagnole (Bulletin du 16 juillet) contient le passage suivant :

  1. Il sera question au chap. XVI des mesures prises par nous, dès l’été de 1876, en vue de la publication des manuscrits inédits de Bakounine.