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sentants, nous en sommes certains, iront ensuite serrer la main aux vôtres au prochain Congrès général...

Au nom des socialistes détenus à Bologne, A. Costa.


En France, il faut signaler l’initiative d’un groupe d’étudiants parisiens qui, reprenant la tradition des organisateurs du Congrès de Liège, lança un appel pour la convocation d’un Congrès international des étudiants. Les rédacteurs de cet appel se déclaraient athées, révolutionnaires, socialistes. Ils étaient socialistes « parce qu’il existe encore des castes dirigeantes, qui font la loi à la masse des déshérités ; parce qu’une société dans laquelle des travailleurs sont exposés à mourir de faim, dans laquelle la subordination de l’homme à l’homme est hiérarchiquement légalisée, est une société illogique et injuste, pour ne pas dire criminelle ». Toutes les communications devaient être adressées au citoyen Victor Marouck, étudiant en droit.


Un Congrès régional belge avait eu lieu à Gand à la Pentecôte (4 juin) ; mais le Bulletin n’ayant pas rendu compte de ses délibérations, qui sans doute n’offrirent que peu d’intérêt, je ne puis rien en dire.


En Angleterre, le lundi de la Pentecôte, un grand meeting de vingt mille ouvriers agricoles eut lieu à Ham Hill : on y vota une pétition demandant « que le nom de reine, si révéré par le peuple, ne fût pas changé pour le titre inconstitutionnel et rétrograde d’impératrice ; que la Chambre des lords fût élue par le peuple ; que puisque l’Église établie (established, c’est-à-dire « dotée ») n’a pas réussi à christianiser le peuple, et que les dissidents font mieux cette besogne, l’Église fût disestablished », etc., etc.


La dissolution, par le gouvernement prussien, de l’organisation du Parti ouvrier socialiste d’Allemagne dans toute l’étendue du territoire de la Prusse, avait rendu impossible la tenue du Congrès de ce parti ; mais on trouva un moyen de réunir néanmoins le Congrès sous un autre nom. Par une circulaire adressée à leurs Parteigenossen, les députés socialistes au Reichstag convoquèrent un « Congrès des socialistes d’Allemagne », pour y rendre compte de leur mandat et y délibérer en commun avec des délégués nommés par des assemblées ouvrières au sujet des prochaines élections au Reichstag. Ce Congrès devait se réunir à Gotha le 19 août (p. 71).


En Suisse, il se constitua à Berne, le 21 mai, une société d’ouvriers de langue italienne, qui le 4 juin vota son adhésion à la Fédération jurassienne.

Dans la même ville se réunit, du 4 au 7 juin, le Congrès annuel de l’Arbeiterbund ; parmi les questions à l’ordre du jour de ce congrès figurait la proposition, faite par le Deutscher Verein de Lausanne, de créer un organe de langue française pour propager dans la Suisse romande les doctrines de l’Arbeiterbund, attendu, disaient les auteurs de la proposition, « que les ouvriers de la Suisse française sont bien plus arriérés que ceux de la Suisse allemande et qu’il est nécessaire de les éclairer ». Je me rendis à Berne le jour où la proposition devait être discutée (mardi 6 juin), et j’assistai en spectateur à la séance du congrès, dont je formais à moi seul tout le public. Et voici ce qui se passa dans cette séance (je copie le récit que je publiai dans le Bulletin du 11 juin) :


Le Congrès de l’Arbeiterbund.


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Tous les orateurs reconnurent l’impossibilité de créer l’organe demandé, parce que l’Arbeiterbund ne possède pas les éléments nécessaires pour la rédaction d’un journal de langue française et que cette publication amènerait inévitablement de gros déficits. Alors un délégué d’une société allemande de Genève annonça qu’un groupe de socialistes de cette ville, an-