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Lettre des Russes à la Liberté[1]. Télégramme à Ross[2]. Soir, réunion du « purgatoire »[3] — 26. Arrivée de Ross. Conversation avec Ross ; il devient absolument nôtre.


Je dois donner encore ici deux pièces qui se rattachent aux Congrès de la Haye et de Saint-Imier : une lettre des quatre délégués espagnols à la Liberté de Bruxelles, relative à l’attitude « repentante » que leur avait prêtée le rapport de la Commission d’enquête sur la Société l’Alliance (voir t. II, p. 340) ; et une protestation, également adressée à la Liberté, des amis russes de Bakounine contre l’accusation d’escroquerie et de chantage lancée contre lui par cette même Commission (voir Ibid.).

La lettre des délégués espagnols fut écrite lors de leur passage à Neuchâtel, le 17 septembre ; elle est datée du lendemain :


Neuchâtel, 18 septembre 1872.

Aux compagnons rédacteurs de la Liberté.
Compagnons,

Nous avons lu dans votre numéro du 15 septembre le rapport de la Commission d’enquête du Congrès de la Haye sur l’Alliance, et nous vous prions de vouloir également publier la déclaration suivante :

À la manière dont ce rapport a été rédigé, on pourrait croire que, repentants d’avoir été membres de l’Alliance [la Alianza], nous avons donné une promesse formelle de ne plus appartenir à cette société.

Nous ne pouvons permettre que le public de l’Internationale soit indignement mystifié, et nous avons le devoir de protester contre de pareilles insinuations, en déclarant hautement que nous nous sommes toujours tenus pour honorés d’avoir contribué à la propagande de l’Alliance, de laquelle nous n’avons cessé de faire partie que lorsque, par des raisons étrangères à son principe, elle a été dissoute en avril dernier.

Nous saisissons cette occasion pour protester énergiquement, comme nous l’avons d’ailleurs déjà fait au Congrès de la Haye, non seulement contre les conclusions inquisitoriales d’une Commission qui lâchement, jésuitiquement, dans un arrêt plein de contradictions impudentes, lance la diffamation contre des compagnons honorables, intelligents, connus au monde ouvrier comme très dévoués à la cause, et que nous estimons aujourd’hui plus que jamais, mais aussi contre le droit ridicule que cette même Commission s’est arrogé de proposer, à cette majorité toute préparée d’avance, leur expulsion de l’Internationale.

Nous l’avions acceptée, cette Commission, parce que nous n’avions jamais pu soupçonner qu’au sein de l’Internationale, même des adversaires s’abaissassent jusqu’à la malhonnêteté, et parce que, ayant conservé un reste de confiance dans la loyauté des partisans de la dictature dans l’Internationale, nous ne pouvions pas nous attendre à une pareille mystification. Mais maintenant nous devons protester, en face de tout le monde, contre

  1. C’est la protestation dont il sera parlé tout à l’heure.
  2. Ross, après le Congrès de Saint-Imier, était retourné à sa résidence vaudoise, près de Lausanne.
  3. On appelait ainsi, dans le groupe russe de Zürich, une réunion dans laquelle on passait au crible les mérites et les défauts d’un candidat.