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Sections jurassiennes autorisèrent le Comité fédéral à accepter, le cas échéant, le maintien du Bureau fédéral de l’Internationale dans la Fédération jurassienne jusqu’au (Congrès général de 1876 ». (Procès-verbaux du Comité fédéral jurassien, séance du 17 mars 1876.) Les Fédérations régionales demandèrent toutes en effet, que le Bureau fédéral restât placé dans la Fédération jurassienne jusqu’au prochain Congrès général ; ce Bureau demeura composé des mêmes membres que précédemment (voir p. 251) : seulement son siège fut la Chaux-de-Fonds, et non plus le Locle ;

2° On a vu que l’avocat Barbanti avait invité la Fédération jurassienne à ouvrir une souscription en faveur des détenus de Bologne. Le Comité fédéral porta cette invitation à la connaissance des Sections, et leur demanda en même temps l’autorisation de disposer, en faveur de ces détenus, d’une somme de 134 fr. 55 qui se trouvait à ce moment disponible sur les fonds de la souscription permanente en faveur des déportés de la Commune. — Cette autorisation fut accordée par les Sections ;

3° Le Comité fédéral communiqua aussi aux sections une proposition d’affecter aux détenus de Bologne une partie de la souscription faite en faveur des familles des grévistes tués à Göschenen, — souscription pour la répartition de laquelle aucune démarche n’avait encore été faite par le Comité fédéral de la Chaux-de-Fonds. — Cette proposition ne fut pas admise, à ce moment, et le 17 mars le Comité fédéral « décida d’écrire immédiatement au compagnon Carlo Cafiero, à Rome, pour lui confier la constitution d’un comité qui se chargera de répartir la souscription de Göschenen ». (Ibid.)


À Lugano, la détresse financière de Bakounine continuait. Il écrit le 12 janvier 1876 : « Notre position est devenue impossible. Nous n’avons plus le sou pour vivre, et je me vois forcé de mendier par ci par là des emprunts de quinze à vingt francs pour donner à Antonie de quoi entretenir la maison. » Il essaie, par l’intermédiaire de Gambuzzi, de décider le financier napolitain dont j’ai parlé à lui acheter ses droits sur la forêt ; mais le capitaliste fait la sourde oreille. Au commencement de février 1876, les créanciers de Bakounine se réunissent en assemblée, et, après délibération, consentent à accorder à leur débiteur un délai de trois mois pour s’acquitter. Dans la première moitié de mars, — enfin ! — la vente de la forêt est définitivement conclue par Mme  Lossowska, mais à un prix bien inférieur à celui qu’on avait escompté ; et le 25 mars Bakounine reçoit de Varsovie un premier à-compte de mille roubles (3345 fr.).

En janvier 1876, Ross, qui avait affaire en Russie, et voulait se rendre dans ce pays, avec Kraftchinsky et quatre autres amis, avait écrit de Genève à Bakounine au sujet d’une somme d’argent, appartenant à une caisse révolutionnaire russe, qu’il avait déposée entre les mains de celui-ci à une époque antérieure. Bakounine, afin de rembourser une partie de cet argent, essaya de conclure auprès de Gambuzzi un nouvel emprunt, de deux mille francs : mais il ne put rien obtenir de ce côté. Ross, alors, après être allé conférer avec Bakounine à Lugano (fin de février ou commencement de mars), se rendit à Rome auprès de Cafiero, puis revint auprès de Bakounine, et il fut convenu entre eux trois qu’on tenterait d’emprunter une somme de mille à quinze cents francs à quelque prêteur à Locarno, par l’intermédiaire de Bellerio, sous la double garantie de Bakounine et de Cafiero ; il existe une lettre de Bakounine à Bellerio, du 16 mars 1876, réclamant ses bons offices pour cette affaire[1]. Ross, muni de cette lettre, alla aussitôt à Locarno, et put s’y procurer l’argent dont

  1. Dans cette lettre on lit : « Cette lettre te sera remise par Ross lui-même. Il a besoin de quinze cents, ou au moins de mille francs, non pour lui-même personnellement, mais pour une affaire d’excessive importance qu’il t’expliquera lui-même. Malheureusement il me sera impossible de lui donner cette somme avant la fin de ce mois, — je viens de recevoir aujourd’hui même une lettre de Sophie qui m’annonce enfin la vente de ma propriété, — et l’affaire de Ross ne souffre aucun délai... L’affaire vraiment est de la plus grande importance : fais donc tout ce qu’il te sera possible de faire. »