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absolument toutes les résolutions du Congrès de la Haye, ne reconnaissant en aucune façon les pouvoirs du nouveau Conseil général nommé par lui ; et, pour sauvegarder leurs Fédérations respectives contre les prétentions gouvernementales de ce Conseil général, aussi bien que pour sauver et fortifier davantage l’unité de l’Internationale, les délégués ont jeté les bases d’un projet de pacte de solidarité entre ces Fédérations. »


« DEUXIÈME RÉSOLUTION.
« Pacte d’amitié, de solidarité et de défense mutuelle entre les Fédérations libres[1].

« Considérant que la grande unité de l’Internationale est fondée non sur l’organisation artificielle et toujours malfaisante d’un pouvoir centralisateur quelconque, mais sur l’identité réelle des intérêts et des aspirations du prolétariat de tous les pays, d’un côté, et de l’autre sur la fédération spontanée et absolument libre des fédérations et des sections libres de tous les pays[2] ;

« Considérant qu’au sein de l’Internationale il y a une tendance, ouvertement manifestée au Congrès de la Haye par le parti autoritaire qui est celui du communisme allemand, à substituer sa domination et le pouvoir de ses chefs au libre développement et à cette organisation spontanée et libre du prolétariat ;

« Considérant que la majorité du Congrès de la Haye a cyniquement sacrifié, aux vues ambitieuses de ce parti et de ses chefs, tous les principes de l’Internationale, et que le nouveau Conseil général nommé par elle, et investi de pouvoirs encore plus grands que ceux qu’il avait voulu s’arroger au moyen de la Conférence de Londres, menace de détruire cette unité de l’Internationale par ses attentats contre sa liberté ;

« Les délégués des Fédérations et Sections espagnoles, italiennes, jurassiennes, françaises et américaines réunis à ce Congrès ont conclu, au nom de ces Fédérations et Sections, et sauf leur acceptation et confirmation définitives, le pacte d’amitié, de solidarité et de défense mutuelle suivant :

« 1° Les Fédérations et Sections espagnoles, italiennes, françaises, jurassiennes, américaines, et toutes celles qui voudront adhérer à ce pacte, auront entre elles des communications et une correspondance régulière et directe tout à fait indépendantes d’un contrôle gouvernemental quelconque ;

« 2° Lorsqu’une de ces Fédérations ou Sections se trouvera attaquée dans sa liberté, soit par la majorité d’un Congrès général, soit par le gouvernement ou Conseil général créé par cette majorité, toutes les autres Fédé-

  1. Si l’on met en parallèle les deux paragraphes qui constituent la teneur de ce pacte avec les cinq paragraphes de la Déclaration de la minorité au Congrès de la Haye, on constatera que le Congrès de Saint-Imier, n’ayant pas cru devoir proclamer la rupture immédiate avec le Conseil général, s’est placé sur le même terrain que la minorité de la Haye, et que le pacte de Saint-Imier, à part les considérants, n’a rien ajouté à la Déclaration de la minorité.
  2. Rapprocher ce considérant du premier alinéa du discours que j’avais prononcé le 5 septembre à la Haye (t. II, p. 336).