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Quatre commissions furent nommées pour faire rapport sur ces quatre questions, puis la première séance fut levée.

Le lendemain, lundi 16 septembre, les commissions présentèrent leur rapport, et, comme dans leur travail elles avaient eu soin de consulter l’opinion des divers délégués, la seconde séance du Congrès ne présenta pas de longues discussions, et les résolutions suivantes, d’une importance capitale pour l’avenir de l’Internationale, furent adoptées à l’unanimité :


« PREMIÈRE RÉSOLUTION.
« Attitude des Fédérations réunies en Congrès à Saint-Imier, en présence des résolutions du Congrès de la Haye et du Conseil général.

« Considérant que l’autonomie et l’indépendance des fédérations et sections ouvrières sont la première condition de l’émancipation des travailleurs ;

« Que tout pouvoir législatif et réglementaire accordé aux Congrès serait une négation flagrante de cette autonomie et de cette liberté[1] :

« Le Congrès dénie en principe le droit législatif de tous les Congrès soit généraux soit régionaux, ne leur reconnaissant d’autre mission que celle de mettre en présence les aspirations, besoins et idées du prolétariat des différentes localités ou pays, afin que leur harmonisation et leur unification s’y opère autant que possible ; mais dans aucun cas la majorité d’un Congrès quelconque ne pourra imposer ses résolutions à la minorité.

« Considérant, d’autre part, que l’institution d’un Conseil général dans l’Internationale est, par sa nature même et fatalement, poussée à devenir une violation permanente de cette liberté qui doit être la base fondamentale de notre grande Association ;

« Considérant que les actes da Conseil général de Londres qui vient d’être dissous, pendant ces trois dernières années, sont la preuve vivante du vice inhérent à cette institution[2] ;

« Que, pour augmenter sa puissance d’abord très minime, il a eu recours aux intrigues, aux mensonges, aux calomnies les plus infâmes pour tenter de salir tous ceux qui ont osé le combattre ;

« Que, pour arriver à l’accomplissement final de ses vues, il a préparé de longue main le Congrès de la Haye, dont la majorité, artificiellement organisée, n’a évidemment eu d’autre but que de faire triompher dans l’Internationale la domination d’un parti autoritaire, et que, pour atteindre ce but, elle n’a pas craint de fouler aux pieds toute décence et toute justice ;

« Qu’un tel Congrès ne peut pas être l’expression du prolétariat des pays qui s’y sont fait représenter :

« Le Congrès des délégués des Fédérations espagnole, italienne, jurassienne, américaine et française, réuni à Saint-Imier, déclare repousser

  1. Ce considérant résume en un alinéa les thèses développées dans les considérants de la première résolution du Congrès jurassien du jour précédent.
  2. Après ce considérant et le précédent, on s’attend à ce que la résolution ne peut manquer de conclure à la suppression du Conseil général ; mais, pour des raisons de tactique, — les mêmes qui prévalurent à la Haye et qui motivèrent la rédaction de la Déclaration de la minorité, — cette conclusion n’a pas été formulée.