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tion internationale organisa, avec le concours de la Société des arts et métiers, une grande manifestation qui eut lieu le dimanche 4 avril ; un correspondant nous écrivit : « Le cortège, fort de plus de quatre cents citoyens, parcourut toutes les rues de notre ville ; l’espace me manque pour vous redire les discours prononcés par le président de la Société des arts et métiers et un des membres de notre section. » (12 avril.) — Le 19 mai, conférence organisée par la Société des arts et métiers ; les membres de la Section internationale y étaient présents, et la Section de Berne y était représentée par trois délégués ; deux délégués de l’Arbeiterbund, Hoferer et Gutsmann, y parlèrent en allemand, et plusieurs membres de l’Internationale y prirent aussi la parole. « Sur le terrain de la constitution des sociétés de métier, l’Arbeiterbund et l’Internationale peuvent et doivent marcher la main dans la main... Le reste de la soirée a servi aux ouvriers présents à se mieux connaître et à fraterniser : lorsque les travailleurs se rapprochent, ces divergences que la bourgeoisie s’efforce d’agrandir diminuent. » (30 mai.)

Neuchâtel : « La soirée familière du 20 février a réuni, outre les membres de la section, un certain nombre d’invités, et les résultats en ont été très satisfaisants : l’œuvre de propagande fait son chemin, et tous les jours nous gagnons de nouveaux adhérents ». (28 février.) — À la réunion du 18 mars prit part, comme d’habitude, notre vieil ami Beslay : la collecte au profit des déportés produisit 40 francs. (28 mars.) — En avril, les tailleurs firent une grève ; la Feuille d’avis locale somma la police d’avoir « à protéger efficacement les ouvriers qui ne demandent qu’à gagner paisiblement leur vie » : en conséquence, un gréviste fut aussitôt arrêté pour intimider les autres. (18 avril.) — Le 24 avril, il y eut, comme chaque mois, soirée familière au local de la section ; et le lendemain dimanche, dans le jardin du restaurant de la Chaumière, au Mail, se réunit une assemblée ouvrière, convoquée par une société ouvrière allemande, et qui fut présidée par le président de la section du Grütli. Le citoyen Staub, de Glaris, délégué par l’Arbeiterbund, y parla en allemand ; je traduisis son discours, et expliquai ensuite qu’il y avait, dans le monde socialiste, deux tendances, l’une réformiste, l’autre révolutionnaire : « mais elles professent sur beaucoup de points les mêmes principes, et se rencontrent souvent sur un terrain commun, comme le prouve le fait qu’aujourd’hui des socialistes appartenant aux deux tendances sont fraternellement réunis dans une même assemblée, et que le discours d’un membre de l’Arbeiterbund est traduit par un membre de l’Internationale ». Le soir il y eut réunion familière au local du Grütli : « Nous croyons qu’après cette journée plus d’un aura reconnu que la distance n’est pas si grande qu’il le semble entre les socialistes de langue allemande et ceux de langue française ». (2 mai.)

Chaux-de-Fonds : « La crise industrielle qui dure depuis plus d’une année semble redoubler d’intensité. Bon nombre de fabricants d’horlogerie, spéculant sur le manque d’entente entre les ouvriers de certaines branches, leur ont imposé une baisse variant de dix à quinze pour cent... Notre Fédération locale, au lieu de dépenser un temps précieux à fonder un magasin de consommation dont l’utilité est contestable, devrait, ce semble, mettre toute son activité à organiser et grouper les métiers qui ne le sont pas encore. Le côté de la propagande, qui est pourtant d’une grande importance, est trop négligé par le comité de cette fédération, composé d’hommes très dévoués aux intérêts ouvriers, disposés à s’instruire, mais dont l’éducation socialiste est encore à faire, et qui ne peuvent concevoir une solution à la question sociale que par la voie de réformes anodines et bien pacifiques. » (14 mars.)

Berne : Il y eut le dimanche 13 juin, à Berne, un Volkstag, une grande assemblée politique radicale, en plein air, convoquée par le Volksverein pour protester contre le Conseil fédéral suisse, qui avait déclaré inconstitutionnelles certaines mesures prises par le gouvernement cantonal bernois contre les curés ultramontains. L’éloquence des orateurs laissa sceptiques et indifférents beaucoup de leurs auditeurs. Brousse écrivit au Bulletin : « Un ouvrier a dit près de moi le mot de la situation. Comme son camarade, plus naïf, s’extasiait sur la gymnastique pulmonaire des orateurs : « Viens t’en, lui dit-il, laissons là