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L’Ialie ne sera pas représentée à ce Congrès, parce qu’en Italie l’Internationale publique n’existe plus, et qu’aucun groupe de notre organisation secrète n’est disposé à perdre un de ses hommes, qui pourra demain, les armes à la main, rendre bien d’autres services à notre cause.

Oui, l’Internationale publique n’existe plus en Italie. Et cet heureux résultat, nous le devons entièrement à notre gouvernement.

Les masses italiennes, plutôt disposées à la conspiration, n’acceptèrent l’Internationale, au début, qu’avec une grande défiance. Cette défiance ne s’adressait pas aux principes de notre grande Association, mais à son système d’organisation publique ou légale, et elle s’accrut toujours davantage, à mesure que l’Internationale pénétrait dans les classes les plus opprimées de la grande masse de ceux qui souffrent. Cependant la vérité et la justice de notre principe finirent par en triompher, et l’Internationale prit une extension de plus en plus considérable, mais en même temps son organisation revêtait une forme tout à fait différente de celle qu’elle a adoptée dans les autres pays. Cette organisation faisait de l’Internationale en Italie une vaste conspiration organisée au grand jour ; et il suffit de cette simple définition pour montrer toute l’absurdité d’un tel système.

Rien n’était plus facile aux intrigants bourgeois et aux espions que de se frayer accès dans l’Internationale, et le gouvernement pouvait suivre tous ses pas et la frapper au moment opportun. La liberté de parole, de réunion et de presse, et toutes celles qui sont inscrites dans le Statut constitutionnel italien, aplanissaient la voie à nos ennemis, et ils nous tendaient un piège dans lequel nous devions tomber tôt ou tard.

Aussi réclama-t-on de toute part un changement radical de système. L’accord sur ce point ne fut pas difficile, et une vaste et solide conspiration socialiste révolutionnaire commença bientôt à étendre vigoureusement ses racines, pénétrant jusque dans les couches les plus profondes du prolétariat italien. Nous ne pouvons évidemment pas parler ici du système suivi dans l’organisation de cette conspiration ; mais il est un point important sur lequel nous sommes spécialement chargés d’attirer votre attention : c’est que le programme n’a rien eu à souffrir de ce changement d’organisation ; il est demeuré le même, — le glorieux programme de l’Association internationale des travailleurs, — tel qu’il fut accepté par la Fédération italienne dans son premier Congrès à Rimini, comme le seul capable de réunir le prolétariat universel sous l’unique bannière de son émancipation.

C’est avec le cœur rempli d’une immense foi dans la réalisation de ce programme que nous conspirons aujourd’hui en Italie pour la destruction complète de l’État et de toutes ses institutions malfaisantes, pour l’anéantissement de toute espèce d’autorité, sous quelque forme que ce soit, pour la prise de possession, par les masses soulevées, de tous les instruments de travail, machines et matières premières, y compris la terre, et de toute la richesse que le vol le plus scélérat — l’exploitation des affamés — a pu seul accumuler entre les mains d’un petit nombre de jouisseurs.

Ces actes que nous nous proposons d’exécuter avec une promptitude prévoyante, non de décréter ; d’accomplir avec une efficace énergie, non de proclamer, nous les trouvons tous résumés dans les deux mots d’Anarchie et de Collectivisme, conditions selon nous indispensables pour assurer