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diat sur la première question : « Le Conseil général doit-il être maintenu tel qu’il est ? »

On procède au vote à l’appel nominal. L’abolition du Conseil général dans sa forme actuelle est votée à l’unanimité. (Applaudissements prolongés dans l’auditoire.)

Il est ensuite donné lecture de la seconde question : « L’institution du Conseil général sera-t-elle complètement abolie ? » La question est résolue affirmativement à l’unanimité. (Bruyants et longs applaudissements dans l’auditoire.)


La discussion fut ensuite ouverte sur cette troisième question : « Y a-t-il lieu de remplacer l’institution du Conseil général par un nouveau rouage administratif quelconque ? »

Brousse prend la parole pour combattre les trois propositions faites au sein de la Commission : institution d’une Commission centrale (Angleterre) ; institution de trois Commissions (Jura et Belgique) ; mandat donné à une fédération de s’occuper de l’administration de l’Internationale (Italie). « Pour moi, je ne veux rien mettre à la place du pouvoir qui vient de tomber. Et l’on n’a en effet besoin de rien. L’Internationale s’est-elle jamais trouvée, se trouvera-t-elle jamais dans une position plus critique que dans ces derniers temps ? Sans point central, elle s’est vue en face d’un pouvoir fortement organisé, obéi (le Conseil général) ; elle a vécu non-seulement sans son gouvernement, mais malgré lui ; qui plus est, elle l’a abattu. Ce qu’elle a fait en temps de guerre, ne peut-elle le faire en temps de paix ? Poser la question, c’est la résoudre. »

Van den Abeele dit que, tout partisan qu’il soit de l’anarchie, il ne pense pas que nous soyons encore assez fortement organisés pour la faire entrer dans le domaine des faits, et qu’il se rallie par conséquent au système des trois Commissions proposé par les Belges et les Jurassiens.

Costa déclare qu’il partage entièrement l’opinion de Brousse, et que, « conformément au mandat qu’il a reçu », il repousse les trois propositions[1].

Hales dit que, parmi les adversaires de la proposition anglaise d’une Commission unique, Brousse et Costa sont les seuls qui lui paraissent logiques. « C’est en effet sur l’organisation d’une Commission centrale ou sur celle de l’anarchie que porte en réalité le débat. Je combats l’anarchie, parce que ce mot et la chose qu’il représente sont synonymes de dissolution. Anarchie veut dire individualisme, et l’individualisme est la base de l’état social actuel que nous désirons détruire. L’anarchie est incompatible avec le collectivisme. Il ne faut pas confondre autorité et organisation. Nous ne sommes pas autoritaires, mais nous devons rester organisateurs. Loin de voter l’anarchie, qui est l’état social actuel, nous devons la combattre par la création d’une Commission centrale, et, dans l’avenir, par l’organisation du collectivisme. L’anarchie est la loi de la mort, le collectivisme celle de la vie. »

Ostyn dit qu’il considère l’anarchie « comme un moyen puissant pour arriver au but que nous désirons atteindre ». Ce but est la réalisation de la fraternité humaine ; et nous désirons l’atteindre par une discipline volontaire, non point par la discipline du soldat ou du religieux. « Chaque fois que vous déléguez l’autorité à un homme, même avec la garantie du mandat impératif, vous aliénez toute votre liberté, toute votre initiative. Je voterai contre tout centre autoritaire. Chaque fédération peut s’occuper de ce qui la concerne ; les Congrès serviront de relations entre toutes les Fédérations qui existent. »

James Guillaume est d’avis que, plutôt que de discuter la question au point de vue théorique, il convient de se placer sur le terrain de l’expérience et des réalités tangibles. En ce qui concerne la proposition anglaise, « nous connais-

  1. Il y a contradiction entre cette déclaration de Costa et la proposition faite par lui au sein de la Commission. Je ne sais si le rédacteur du procès-verbal a fait une erreur, ou si la contradiction a réellement existé.