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du mandat que lui avait donné le Congrès d’Amsterdam : la Fédération néerlandaise adhérait au pacte d’amitié et de solidarité à conclure par les Fédérations autonomes, dans le sens de la Déclaration de la minorité du Congrès de la Haye ; elle déclarait se rallier à l’idée de grève générale ; quant à la revision des statuts généraux, elle attendrait les décisions du Congrès général pour les accepter ou en proposer la modification. Le mandat se terminait par la clause suivante : « Notre mandataire est également chargé d’assister au Congrès international convoqué par le Conseil général de New York, qui aura lieu le 8 septembre à Genève, et où il devra défendre les principes énoncés ci-dessus » ; si le délégué ne réussissait pas à faire admettre ces principes au Congrès des autoritaires, il devait se retirer, et les Sections hollandaises rompraient alors toute relation avec le Conseil général.

La situation de la Belgique fut exposée par Verrycken et Cornet. Verrycken montra que l’Internationale se trouvait en progrès dans ce pays, et y luttait avec avantage contre deux organisations qui cherchaient à entraver son développement : à Bruxelles, l’Association générale ouvrière, création des doctrinaires libéraux, et, dans toute la Belgique, les sociétés catholiques de secours mutuels. Cornet parla des unions internationales de métiers que les tailleurs, les cordonniers, les menuisiers, et les tailleurs de pierre avaient réussi à constituer.

Costa retraça brièvement la création et le rapide développement de la Fédération italienne. Avant la Commune de Paris, dit-il, on peut dire que l’Internationale n’existait pas en Italie ; elle ne s’est réellement fondée que lorsque Mazzini a insulté les ouvriers parisiens. À partir de ce jour, elle a fait d’immenses progrès, dus en partie aux persécutions gouvernementales. Mais la jeune Fédération a des adversaires acharnés : s’il n’y a pas de « marxistes » en Italie, il s’y trouve, outre les « intransigeants », des garibaldiens et des mazziniens ; les luttes ont été si vives, que des rixes sanglantes ont eu lieu. Si l’on veut que l’Internationale continue à progresser en Italie, il faut agir révolutiounairement ; les ouvriers italiens se soucient fort peu de théories : ce qu’ils désirent, c’est la lutte.

Joukovshy rendit compte de la situation à Genève. Après le Congrès de la Haye, la bourgeoisie se réjouissait déjà de la mort de l’Internationale ; mais celle-ci, prenant pour base d’organisation le principe d’autonomie, s’est au contraire fortifiée et développée. L’attitude autoritaire du Conseil général a mécontenté tout le monde et ouvert tous les yeux, au point que les Sections romandes de Genève, elles-mêmes, dans un Congrès régional tenu au mois d’août dernier, ont décidé qu’il fallait que les fonctions du Conseil général fussent réduites à celles d’un simple bureau de correspondance.

Pindy et Verrycken donnèrent lecture de lettres des État-Unis, manifestant, au nom du groupe révolutionnaire socialiste de New York (ancienne Section 2) et du Conseil fédéral américain, des idées et des principes conformes à ceux des Fédérations autonomes des pays d’Europe.

Il ne fut pas fait de rapport, pour des motifs faciles à comprendre, sur la situation de l’Internationale en France.

Le Congrès nomma ensuite une commission pour la revision des statuts généraux ; elle fut composée d’un membre par Fédération régionale, savoir : Bert (Italie), Farga-Pellicer (Espagne), Van den Abeele (Hollande), Cornet (Belgique), Guillaume (Jura), Hales (Angleterre).


Une troisième séance, administrative, tenue le lundi soir, fut consacrée à la question des mandats français. Pindy fut adjoint à la commission de revision des statuts généraux, à titre de représentant de la France. Deux commissions furent encore constituées, l’une pour la question de la grève générale, l’autre pour la question de la statistique ; la première fut formée de Manguette (Belgique), Costa (Italie), Brousse (Espagne), Perrare (France), Andrié (Jura), Hales (Angleterre), Joukovsky (Section de propagande de Genève), Andignoux (Section « l’Avenir » de Genève) ; la seconde fut formée de Verrycken (Belgi-