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Belgique, Espagne, France, Hollande, Italie, marquèrent la fin de la lutte. Le prochain Congrès général, convoqué directement par les Fédérations elles-mêmes, donnera sans doute une sanction éclatante au principe de fédération et d’autonomie dont notre Bulletin a été, nous pouvons le dire, l’un des plus fidèles représentants.

Une phase nouvelle de la vie de l’Internationale s’ouvre en ce moment après les luttes acharnées, mais nécessaires, qui l’ont déchirée pendant trois ans. L’organe de la Fédération jurassienne doit en même temps prendre un caractère nouveau, approprié à cette transformation. Nous consacrerons dorénavant la plus grande partie des colonnes du Bulletin à un exposé des principes de la science sociale et à un résumé du mouvement ouvrier universel. Nous nous sommes assuré, dans tous les pays où existe l’Internationale, des correspondants qui tiendront nos lecteurs au courant de tout ce qui intéresse la cause du travail. Nous ne négligerons pas de signaler, dans des articles spéciaux, les erreurs ou les crimes de la politique bourgeoise et d’apprécier, du point de vue socialiste, les actes des gouvernements. Enfin nous ouvrirons nos colonnes à tous les renseignements concernant le développement de l’organisation ouvrière dans la région jurassienne.

... Maintenant que nous disposons d’un organe hebdomadaire, dont la rédaction sera beaucoup plus variée et qui pourra tenir ses lecteurs au courant de tout ce qui se passe, nous espérons voir le Bulletin remplacer dans toutes les familles d’ouvriers les journaux bourgeois, auxquels on s’abonne par la nécessité d’être renseigné tout en réprouvant leurs principes[1]. Si la classe ouvrière de notre région comprend ses véritables intérêts, elle nous donnera un appui général, et notre modeste Bulletin pourra alors prendre des dimensions et une périodicité conformes à la grandeur de la cause qu’il représente.


Le 22 juin avait eu lieu à Bienne le Congrès annuel de la Fédération des sociétés de résistance des ouvriers monteurs de boîtes en or, dont un certain nombre de membres étaient des adhérents individuels de l’Internationale ; on y avait discuté la question du travail des femmes, celle de l’introduction des machines, celle du travail par « parties brisées ». Le Bulletin du 13 juillet publia à cette occasion les réflexions suivantes :


La Fédération des ouvriers monteurs de boîtes d’or, comme la plupart des autres associations de résistance, ne se propose qu’un but très limité : le maintien des conditions actuelles du travail. De là l’opposition au travail des femmes, la guerre faite par les ouvriers aux machines qui font concurrence à leurs bras, et leur refus de consentir au travail par parties brisées, c’est-à-dire à la division du travail.

Rien de plus légitime, assurément, que cette lutte pour le salaire et que cette résistance à l’emploi de procédés industriels qui auraient pour résultat d’avilir la main-d’œuvre et d’abaisser le niveau intellectuel de l’ouvrier... Mais il y a un autre point de vue qu’il est dangereux de négliger. Les coalitions ouvrières sont impuissantes à empêcher l’introduction des

  1. À cette époque, la plupart des feuilles politiques locales, dans la Suisse française, ne paraissaient qu’une ou deux fois par semaine, rarement trois.