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sera son organe. Nous comptons sur le concours de tous ceux qui sont dévoués à la cause du travailleur.

Pour le Comité : Ch. Alerini, Paul Brousse, Camille Camet.

Les fonds souscrits devront être envoyés à l’adresse suivante : M. Charles Boc, Calle de Provenza, n° 250, à Barcelone, Espagne, qui est celle du citoyen Paul Brousse, trésorier du Comité.


La Solidarité révolutionnaire ne commença à paraître que le 10 juin. Un de ses collaborateurs fut Jules Guesde (alors fixé momentanément à Gênes), qui ajoutait à sa signature la qualité de membre de la Fédération jurassienne ; dans un article de lui, intitulé L’État (numéro du 1er juillet 1873), on lit :


La société actuelle est fondée sur l’inégalité des rapports entre les hommes qui la composent... La minorité... a dû demander à un tiers la force qui lui manquait, et les moyens de résistance, c’est-à-dire d’oppression, qu’elle ne trouvait pas en elle-même. Ce tiers est le gouvernement ou l’État, inutile dans une société digne de ce nom, et dont l’unique mission est la conservation artificielle de ce qui est... L’État ou le gouvernement est donc... l’obstacle le plus considérable que rencontre la classe ouvrière en travers de ses revendications... La condition sine quâ non de tout affranchissement des masses est l’abolition, la destruction de l’État... On ne saurait trop le répéter, en France surtout, maintenir l’État, sous quelque forme et sous quelque prétexte que ce soit, c’est faire le jeu de la gent capitaliste, c’est perpétuer la domination d’une caste moribonde dont les prétentions ne sont égalées que par l’incapacité.


La Solidarité révolutionnaire eut dix numéros ; le n° 10 porte la date du 1er septembre 1873. Elle dut cesser ensuite de paraître, Brousse étant venu se fixer en Suisse, et Camet, qui était rentré en France — malgré la condamnation dont il avait été l’objet à Lyon — pour y faire de la propagande, ayant été arrêté.

À côté de la propagande révolutionnaire clandestine, un mouvement syndicaliste, d’allures encore bien modestes, continuait à se produire à Paris et dans quelques grandes villes. Une souscription avait été ouverte par le journal le Corsaire pour permettre l’envoi de délégations ouvrières à l’Exposition universelle de Vienne, et l’élection des délégués par les ouvriers fut pour eux une occasion de se grouper et de s’entendre. Un correspondant nous écrivit de Paris : « L’élection de cette représentation ouvrière servira, je l’espère, de point de départ à la fédération des métiers. Presque tous ceux qui concourent à ce mouvement sont les partisans d’un régime démocratique à la Gambetta bien plus que d’une organisation socialiste comme nous la comprenons ; mais ils n’en servent pas moins, malgré eux, la cause socialiste en aidant à la réorganisation du prolétariat, qui tôt ou tard sera vivifié par l’esprit de l’Internationale. »

Je ne puis indiquer, même approximativement, combien la France comptait, dans l’été de 1873, de chambres syndicales organisées, ni combien il s’y trouvait de groupes secrets adhérents à l’Internationale. Tout ce que je puis dire, c’est que les Sections internationales en France avaient une existence bien réelle, car elles allaient se faire représenter par cinq délégués à notre Congrès général.

Pendant ce temps, Engels écrivait à Sorge (14 juin) : « Serraillier [le fondé de pouvoirs du Conseil général pour la France] n’a absolument rien à écrire, attendu qu’il n’a plus une seule adresse en France, tout a été pincé. Mais il vous fera, pour le Congrès, un petit rapport sur les procès. »


En Belgique, une crise industrielle sévissait depuis quelques mois dans la région de Verviers ; « cette crise, écrivait notre Bulletin, a plus fait pour le