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triomphe personnel, l’influence mauvaise était vaincue ! Il n’y avait plus rien. Je sentis que j’avais cause gagnée, et que ma conquête serait totale.

« Et vous n’avez rien trouvé ! »

Je donnais libre cours à ma joie.

Il fit, de la tête, le plus mélancolique, le plus pensif petit hochement :

« Rien.

— Rien ! rien ! »

Je criais presque, sans pouvoir réprimer mon transport.

« Rien ! rien ! » répétait-il, tristement.

Je baisai son front ; il était ruisselant.

« Et qu’en avez-vous fait ?

— Je l’ai brûlée.

— Brûlée ?… — Allons… c’était maintenant ou jamais. — C’est cela que vous avez fait au collège ? »

Ah ! la conséquence de ces paroles !

« Au collège ?

— Y avez-vous pris des lettres ? — ou d’autres choses ?

— D’autres choses ? »

Il avait l’air, maintenant, de penser à quelque chose de très lointain, qui ne l’atteignait qu’à travers le poids de son inquiétude. Cependant, cela l’atteignit.

« Si j’ai volé ? »

Je me sentis rougir jusqu’à la racine des cheveux, en même temps que je me demandais quel était le plus étrange, de poser une telle question à un gentleman, ou de le voir l’accueillir avec une tranquillité qui donnait la mesure de sa déchéance.

« Était-ce à cause de cela que vous ne pouviez pas y retourner ? »

Tout ce qu’il éprouva fut une espèce de petite surprise pénible.

« Vous saviez que je ne pouvais pas y retourner ?

— Je sais tout. »