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sœur et à son absence. Tout de même, continuai-je, si son oncle la voit, elle, je ne puis admettre qu’il voie son frère avant que le petit — surtout puisque les choses se sont tant gâtées — n’ait eu un peu plus de temps pour se reprendre. »

Mon amie opposait à cette idée une répugnance incompréhensible pour moi.

« Qu’entendez-vous par plus de temps ?

— Eh bien, un jour ou deux — le temps de l’amener à se confesser, — car, alors, il sera de mon côté, et vous voyez l’importance que cela aurait. Si je n’en obtiens rien, j’aurai échoué, tout simplement. Et, au pire, vous m’aurez néanmoins aidée, en faisant à votre arrivée en ville tout ce que pourrez en ma faveur. »

Je lui présentais les choses ainsi, mais elle demeurait perdue dans ses réflexions adverses, au point qu’il me fallut de nouveau l’aider à en sortir.

« À moins, conclussé-je, que vous ne préfériez réellement ne pas partir. »

Je vis son visage s’éclairer, enfin. Elle me tendit la main, comme pour sceller un engagement. « Je partirai, ce matin même. » Mais je voulais montrer une impartialité absolue.

« Si vous désirez rester un peu, je puis m’engager à ne pas la voir.

— Non, non. C’est cet endroit lui-même qu’il lui faut quitter. »

Elle me considéra un moment, d’un regard lourd d’inquiétudes, puis lâcha le paquet :

« Votre idée est la bonne, mademoiselle, car, moi-même…

— Eh bien ?

— Je ne puis rester ici. »

Le regard dont elle accompagna ces paroles m’entraîna à des conclusions précipitées.

« Vous voulez dire que, depuis hier, vous avez vu… »

Elle secoua dignement la tête :