— Quel but ? Celui de parler de moi à son oncle, évidemment. Elle me représentera comme la plus vile des créatures… »
Je défaillis, rien qu’à voir, pour ainsi dire, la scène se peindre sur le visage de Mrs. Grose : pendant un instant, elle parut les avoir réellement là, sous les yeux.
« Lui qui pense tant de bien de vous ?
— Il a une singulière façon, j’y pense tout à coup, — et je mis à rire, — de le prouver. Mais cela n’est rien. Ce que veut Flora, bien entendu, c’est d’être débarrassée de moi. »
Ma compagne me fit bravement concurrence :
« Ne jamais plus poser les yeux seulement sur vous !
— C’est donc pour cela que vous êtes venue me trouver ? lui demandai-je… pour hâter mon départ ? »
Avant qu’elle eût eu le temps de me répondre, toutefois, je lui damai le pion :
« J’ai une idée meilleure… résultat de mes réflexions. Mon départ semble tout indiqué, et, dimanche, j’étais terriblement près de l’exécuter. Pourtant, ce n’est pas à faire. C’est vous qui partirez : il faut que vous emmeniez Flora d’ici. »
À ces mots, ma visiteuse fut abasourdie.
« Et en quel lieu du monde ?…
— Loin d’ici. Loin « d’eux ». Loin, surtout maintenant, de moi. Droit chez son oncle.
— Seulement pour aller raconter sur votre compte…
— Non, pas seulement ; mais, de plus, pour me laisser avec mon remède. »
Elle demeurait dans le vague :
« Qu’est-ce donc que votre remède ?
— Votre loyauté, pour commencer. Et puis, celle de Miles. »
Elle me regarda fixement :
« Croyez-vous que ?…
— Qu’il ne se tournera pas contre moi, s’il en a l’occasion ? Oui, j’en conserve encore l’espoir. En tout cas, j’ai