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XXII

Avant qu’un jour nouveau eût lui pour de bon dans ma chambre, mes yeux s’ouvrirent sur Mrs. Grose, qui m’apportait, au lit, les pires nouvelles. Flora était dans un état de fébrilité qui pouvait présager une maladie ; elle avait passé une nuit sans repos, agitée surtout par la crainte, non de son ancienne, mais de son actuelle institutrice. Ce n’était pas contre le retour possible de miss Jessel sur la scène qu’elle protestait : clairement et passionnément, c’était contre le mien. D’un bond, je fus sur pied, et les questions se pressaient sur mes lèvres ; elles s’y pressaient d’autant plus que mon amie, à ce qu’il était aisé de voir, avait ceint ses reins en prévision de notre rencontre. Je sentis cela aussitôt que je l’interrogeai au sujet de la sincérité de l’enfant, en opposition avec la mienne.

« Elle persiste à vous soutenir qu’elle n’a vu et n’a jamais vu personne ? »

Évidemment, le trouble de ma visiteuse était grand.

« Ah ! mademoiselle, c’est un sujet sur lequel je ne puis guère la pousser. Et cependant, je dois le dire, je n’aurais pas beaucoup à faire. Cette histoire l’a vraiment vieillie, de la tête aux pieds.

— Oh ! je la vois d’ici. Elle est offensée, comme le serait une petite personne de haut parage, du soupçon porté sur sa sincérité, et, en somme, son honorabilité : « Quoi, miss Jessel, et avec moi ! » Ah ! ce qu’elle peut jouer de son