Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/133

Cette page n’a pas encore été corrigée

XVIII

Dans la soirée, j’osai commencer ma lettre. Le temps avait tourné, un grand vent soufflait, et sous la lampe, dans ma chambre, Flora paisiblement endormie près de moi, je restai longtemps assise devant ma page blanche, écoutant le clapotis de la pluie et les gémissements du vent. Finalement, je sortis, un bougeoir à la main : je traversai le corridor et écoutai une minute à la porte de Miles. Ce que mon incessante observation me poussait à chercher d’entendre, était un signe quelconque qui me prouvât qu’il était encore éveillé, et tout à coup, il en survint un, mais nullement sous la forme que j’attendais. Sa voix argentine chantait :

« Dites-donc, vous là-bas, entrez, s’il vous plaît. »

Quelle gaieté, en plein drame ! J’entrai avec ma lumière et le trouvai au lit, complètement éveillé, néanmoins parfaitement à son aise :

« Eh bien ! qu’est-ce qui vous arrive ? » me demanda-t-il avec cette grâce familière, qui me fit soudainement penser que Mrs. Grose aurait peine à voir là une preuve que tout eût été dit entre nous.

J’étais debout devant lui, ma bougie à la main.

« Comment avez-vous su que j’étais là ?

— Mais je vous ai entendue, naturellement. Vous figurez-vous que vous ne faites pas de bruit ? C’était comme