Page:James - Le Tour d’écrou (trad. Le Corbeiller), 1968.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée

XVII

Je m’attendais tellement à ce que le retour des autres s’accompagnât d’une demande d’explication, que je ressentis un trouble nouveau en ne rencontrant chez eux que discrétion et mutisme au sujet de mon absence. Au lieu de m’accabler gaiement et de me câliner, ils ne firent aucune allusion à ma désertion, et, pour le moment, je n’eus plus — m’apercevant qu’elle aussi ne disait rien — qu’à me livrer à l’étude du visage de Mrs. Grose.

Le résultat de cette étude m’apporta la conviction que, d’une façon ou d’une autre, ils l’avaient persuadée de garder le silence, silence que j’étais bien décidée à rompre, dès notre premier entretien privé.

Cette occasion se présenta avant l’heure du thé. Je m’arrangeai pour la saisir cinq minutes, dans la pièce qui lui était réservée, où, dans le crépuscule et l’odeur du pain chaud, mais tout bien en ordre autour d’elle, je la trouvai assise devant le feu, paisible, quoique mélancolique. Et c’est ainsi que je la vois, que je la vois le mieux : assise toute droite sur sa chaise, regardant la flamme, qui éclaire la pièce à demi obscure et bien cirée, — une bonne grosse image bien propre de choses rangées, d’armoires fermées à clef, — de repos inéluctable et obligatoire.

« Oui, ils m’ont demandé de ne rien dire, et, pour leur faire plaisir, — au moment où ils étaient là, naturellement, — j’ai promis. Mais que vous est-il arrivé ?