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XV

Je me rendais à l’église, un certain dimanche matin, avec Miles à côté de moi ; sa sœur, bien en vue, marchait en avant, avec Mrs. Grose. C’était un jour clair et sec, le premier de ce genre, depuis quelque temps. Il avait gelé légèrement, pendant la nuit, et l’air automnal, étincelant et vif, rendait les sonneries de cloches de l’église presque gaies. Par quelle suite bizarre de mes pensées en arrivai-je, à ce moment, à me dire que mes élèves me montraient vraiment une obéissance dont je ne pouvais qu’être frappée — aussi bien que reconnaissante ? Pourquoi ne se révoltaient-ils jamais contre mon inexorable, ma perpétuelle société ? Je ne sais quoi m’avait fait comme toucher du doigt ce fait que, pour ainsi dire, j’avais cousu le gamin à mes jupes, et que dans la manière dont nos compagnons marchaient au pas militaire devant moi, je pouvais sembler me prémunir contre quelque rébellion. J’étais comme un geôlier dont l’œil surveille les surprises et les évasions possibles. Mais tout ceci — je veux dire leur magnifique petite condescendance — appartenait justement à l’ensemble des faits les plus profondément mystérieux de notre aventure. Soigneusement habillé de sa tenue du dimanche, par les soins du tailleur de son oncle à qui on avait laissé les coudées franches et qui savait apprécier la valeur d’un gilet élégant et la tournure aristocratique de son petit client, Miles donnait une telle