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L’abbé leva la tête avec stupéfaction, des rides se groupèrent sur son front.

— Qu’est-ce que vous me chantez là, Mathenot ? grommela-t-il. De qui parlez-vous ?

— De M. Augulanty !

Barbaroux sursauta, il sortit ses lunettes de leur étui et se les planta sur le nez.

— J’ai toujours soupçonné cet Augulanty d’être un hypocrite, cria Mathenot en agitant ses longs bras noirs comme pour effrayer un vol de moineaux. Depuis que je l’ai entendu une fois s’exprimer avec une liberté coupable sur notre Sainte Mère l’Église et ses représentants, je le surveille… Et je viens d’apprendre que cet Augulanty vit depuis dix mois, au moins, avec une maîtresse…

Ce mot fit sur le directeur autant d’effet que le contact d’une pile électrique. Il fut aussitôt debout, les mains tremblantes, le visage congestionné, frémissant, atteint au plus profond de cet ardent besoin de croire, qui était le signe le plus caractéristique de cet homme de foi.

— Mais c’est impossible ! s’écria-t-il de sa voix rude et caverneuse, on vous a menti, vous vous êtes trompé !

— C’est ce que j’ai dit d’abord également, monsieur le directeur, quand on me l’a appris. Malheureusement, ce n’est que trop vrai… On reconnaît l’arbre à ses fruits… La maîtresse de M. Augulanty est une piqueuse de bottines… Il est souvent difficile de distinguer le bon grain de l’ivraie… Elle arrive d’Aix et elle s’appelle Émilie Chayaudet. Elle était chaudement recommandée à M. Augulanty… Salomon lui-même aurait pu s’y tromper, mais cet imposteur n’échappera pas à la justice de Celui qui sonde les reins et les cœurs…

Mathenot, très exalté, gesticulant, debout, à son tour, clamait ces phrases à bout portant dans la figure de Théodore Barbaroux, qui répétait obstinément :

— Mais c’est impossible ! Mais c’est incroyable ! Mais je n’admettrai jamais une chose pareille !… Voyons, réfléchissez… Comment, vous, Mathenot, un prêtre ! pouvez-vous croire qu’un homme aussi pieux que M. Augulanty…

— Mais s’il est un hypocrite…