aux Chartreux, à côté de la maison où loge notre Augulanty. Elle est arrivée d’Aix, il y a un an ou deux, et elle a été recommandée par un prêtre à Augulanty, qui a pris tout à fait au sérieux cette recommandation, comme vous pouvez en juger…
Quatre heures sonnèrent. Mathenot et Bermès allèrent rejoindre le conseil, dans la salle des délibérations.
Le jeudi suivant, ayant sollicité un congé de quelques heures, l’abbé Mathenot partit pour le quartier des Chartreux. Craignant que ce menteur de Bermès ne l’eût trompé, il tenait à faire sa police de surveillance lui-même. Il s’était souvenu qu’il avait jadis rendu service à une femme qui tenait boutique de comestibles, au coin du boulevard où logeait l’économe. Il avait eu l’occasion de placer son mari comme bedeau à l’église des Réformés. C’était un fainéant, très vaniteux et très solennel. Il fut séduit par le côté de pompe et d’importance de son nouveau métier, il s’y trouva bien, il y resta, ce qui soulagea infiniment sa femme, dont il mangeait l’argent et qui en garda beaucoup de reconnaissance à l’abbé.
Après avoir fait quelques façons, Mme Ropion consentit à raconter à ce bon abbé Mathenot les amours de M. Augulanty et d’Émilie Sayaudet, et confirma ainsi les récits de Bermès.
Mathenot prit congé de l’épicière et revint vers la rue Saint-Savournin. Il faisait froid. Le prêtre marchait à grandes enjambées dans la poussière, il se pressait, comme s’il avait peur de ne pas aller assez vite, de ne pas arriver à temps pour exécuter lui-même son rival.
En entrant dans l’école, il demanda à la concierge M. Barbaroux. Il se trouvait au salon. Mathenot s’y présenta.
— Monsieur le directeur, déclara-t-il de suite, et encore essoufflé de sa course, je voulais justement vous voir. J’ai une communication très importante à vous faire…
L’abbé hérissa ses gros sourcils touffus et fixa ses yeux clairs sur Mathenot, qu’il invita à s’asseoir.
— Monsieur le directeur, commença le délateur, avec sa brutalité particulière, je viens vous dire qu’un homme à qui vous donnez toute votre confiance en est indigne et vous trompe…