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— Permettez-moi au moins de croire, mademoiselle, que cet arrêt n’a rien de définitif.

— Je mentirais en vous laissant cette illusion, monsieur.

— Me défendrez-vous même d’espérer… que peut-être, un jour…

— Oui, monsieur, c’est inutile d’insister.

— Mais au moins, dit Augulanty, avec un regard fielleux, vous avez sans doute des raisons pour me repousser ainsi…

— C’est possible.

— Puis-je demander à les connaître ?

— Ceci est de l’indiscrétion, monsieur Augulanty. Si j’ai des raisons, je n’ai pas à vous les dire.

— Me sont-elles personnelles ?

— Oui et non. Je ne vous aime pas… Ah ! ne dites pas que je vous aimerai plus tard, que l’amour vient avec le mariage et que le sacrement le donne ! Non, je ne vous aimerai jamais. C’est très simple, n’est-ce pas ?

— Sans doute, fit Augulanty, avec un sourire méchant, votre beauté vous permet-elle de croire que vous trouverez un mari plus avantageux que moi. Certes, je ne prétends point douter de votre charme. Nul n’en est plus féru que moi… Mais c’est peu de chose aujourd’hui, cela, et quand l’argent manque, les qualités physiques ne servent guère…

Virginie fit un geste d’orgueilleux mépris et d’indignation. Augulanty ne la laissa pas parler, il s’empressa de continuer :

— Permettez-moi, au moins, mademoiselle, de me faire encore un moment mon propre avocat… Il y a des cas où la dignité de l’homme le cède à l’amour… Je ne vous parlerai pas de mes qualités, mais j’ai de l’ambition, de l’énergie, je serai bientôt docteur ès lettres, je suis un bon professeur, vous aurez, je pense, une situation qui ne sera pas à dédaigner. Je consens à attendre. Cherchez à vous marier ; si vous n’y réussissez pas, je serai toujours là à désirer fidèlement le seul bonheur de ma vie ; sinon, si vous parvenez à trouver un parti, tant pis pour moi, mon existence sera finie… Mademoiselle, laissez-moi…