les femmes ! Ah ! il fallait bien qu’elles collaborassent encore à une œuvre satanique, qu’elles s’acharnassent de nouveau à la ruine d’une maison où était répandu l’esprit du Seigneur ! Comme Dalila, comme Hérodiade, les Pioutte réussiraient à évincer un homme qui ne travaillait que pour la gloire du ciel !
L’abbé Barbaroux n’avait pas de secret pour Augulanty ; l’économe apprit ainsi l’hypothèque prise sur la maison et la raison de cet emprunt. Il ne doutait point que l’abbé ne donnât également une dot de vingt mille francs à Virginie. Le moment de dévoiler ce qu’il voulait bien appeler ses sentiments intimes lui paraissant donc venu, M. Augulanty, après avoir ouvert les premiers feux au mariage de Mme Caillandre, se rapprocha peu à peu de la jeune fille. Il la rencontra comme par hasard dans l’escalier, au seuil de l’économat, il l’arrêtait alors pour échanger quelques mots avec elle. Virginie lui répondait avec une sécheresse polie, qui n’était pas de très bon augure. Mais Augulanty ne se décourageait pas.
À la fin d’avril, Virginie, déjà fort anémiée, se trouva si fatiguée qu’elle dut partir avec sa mère pour vivre à la campagne, chez une sœur de lait de son oncle, qui habitait près de Toulouse et auprès de qui l’abbé Barbaroux passait aussi ses vacances.
Augulanty, dès lors, travailla à se lier avec les Caillandre.
Cécile et son mari, à leur retour, s’étaient installés chez eux, rue Dragon, dans un appartement coquet et cher. Leur installation, qui dura longtemps et qui fut luxueuse, occupa la jeune femme. Elle ne semblait plus se souvenir des orageuses paroles qu’elle avait laissé échapper, pendant ses disputes avec sa mère. Elle portait de nouveau cet air aisé, simple et calme qu’on lui avait connu. Le lac agité par la tempête redevenait une eau dormante. Son mari se montrait toujours amoureux d’elle. Il était fier de cette jolie femme, qui flattait sa vanité et qui savait donner à ses plus minces faveurs quelque chose d’exceptionnel et de condescendant qui humiliait Louis et la rehaussait d’autant. Il la présenta dans les familles de ses supérieurs et de ses amis du Crédit